Film: Drive

Frederico () a dit:
On peut accuser notre (autre) ami danois d'un certaine facilité, de jouer la carte de la stylisation avec une telle outrance que cette seule distinction suffit à faire le film, même sans être accompagnée d'une exécution virtuose ou d'une intelligence de plume. En fait, on est proche de Tarentino dans le recyclage de cinéphage enthousiaste, mais sur un mode aussi lyrique que l'américain peut être bavard.

Dans "Crazy, Stupid, Love" le personnage d'Emma Stone s'exclame "This is ridiculous! You look photoshoped!" quand Ryan Gossling tombe la chemise et ici cette plastique sert un personnage qui n'est plus que simulacre, fonction narrative, pas plus real human que real hero (pour reprendre son thème musical), même si peut-être il y aspire. Face à lui, le charme de Carey Mulligan irradie, malgré un rôle presque aussi avare de mots que celui de son vis-à-vis et avec les attributs d'une timide serveuse de restauroute. Un peu grimaçante et limitée dans Wall Street 2, elle a ici l'occasion de montrer une palette plus large de son talent, avec un jeu tout en retenue, en hésitations, en détails.


Jean-Luc () a dit:
Vide, complaisant et soporifique. Que cette sous-tarantinerie et sous-lyncherie reparte de Cannes avec le prix de la mise en scène et que le Bonello finisse bredouille ne cesse de me laisser songeur. Pourquoi une étoile me direz-vous? Pour la scène d'ouverture, fausse promesse d'un grand film d'action nocturne.


Vincent () a dit:
Je sais ce qui a vraiment irrité JLB: la musique. Que je trouve pour ma part particulièrement efficace; elle contribue à la magie de ce film qui évoque la rencontre de deux anges modernes.


Robert () a dit:
A l'origine du projet l'idée du réalisateur et de son acteur principal était de faire un film sur un homme qui conduit la nuit dans LA en écoutant de la musique pop comme exutoire émotionnel

Qui n'a jamais fait l'expérience de ces avenues désertes la nuit venue, de ces rues serpentant sur les collines au soleil couchant ou de ces larges freeways à pleine vitesse sous un soleil de plomb ne peut véritablement comprendre la fascination certaine que peut provoquer la conduite à LA

Cette idée devait s'ancrer dans une dépiction de la face noire d'Hollywood mélangée à un certain fétichisme automobile (Lynch bien sûr mais aussi le Kenneth Anger de Scorpio Rising dixit Refn - et de Hollywood Babylon aurait-on envie d'ajouter)

Le résultat est malheureusement par trop éloigné de cet alléchant programme initial: le film aurait pu être une belle abstraction en noir&blanc autour de la conduite (cascades le jour / casses la nuit) mais il est malheureusement phagocyté par son histoire de maffieux un peu convenue à la violence gratuite (celle de Valhalla Rising m'avait déjà rebuté) et perd en puissance poétique là où Mann avait réussi à trouver le juste équilibre dans Collateral

Pour JLB l'impassible Ryan Gosling me fait quand même bien penser à Alan Ladd

A part ça le film a coûté apparemment seulement $10mio ce qui semble vraiment peu comparé à la moyenne des films produits à Hollywood