Film: Hanna

Frederico () a dit:
Je me demande comment Joe Wright s'est retrouvé à réaliser ce scénario bobet et décousu (le tueur allemand avec ses acolytes Hammer Skin semblent sorti d'une pochade française des années huitantes, la jeune Jessica Barden refait à l'identique son rôle de peste british obsédée par les tabloïds de Tamara Drew même si c'est complètement hors de propos - et encore pire si c'est effectivement à propos et qu'elle est la figure ironique de la normalité contemporaine). Wright fait tout de même preuve ça et là de la virtuosité qu'on lui connait, les Chemical Brothers sortent quand même quelques bonnes mesures et le cast, à commencer par Saoirse Ronan, est très cinégénique.

En grattant, j'arrive quand même à trouver deux petites étoiles.

PS: Film pour Charles-Antoine à 200% de par ses thématiques.


Vincent () a dit:
Très cliché, en effet, mais il me semble que c'est complètement assumé – voir l'aspect outrancier de la fin dans le parc d'attractions constitué autour des contes de Grimm, qui est une des dernières marques inscrivant le récit dans la macrocatégorie des contes, précisément, et ainsi des récits archétypiques, où Gretel (privée de Hansel), une fois de plus, démolit la sorcière.
Plus encore, je trouve que le film "accueille" les clichés, jusqu'à les retourner; exemple, la jeune Britonne que l'héroïne rencontre, cliché de l'ado insupportable, certes, mais que le récit accepte, par l'entremise de son héroïne qui, n'ayant strictement aucune connaissance culturelle du monde (uniquement une connaissance factuelle), ne porte aucun jugement de valeur (ce qui fait que, du même coup, on évite en fait un autre cliché, celui du personnage peste puni de son impertinence).
Idem pour le "hitman" allemand et homo (ah, ces survêts Sergio Tacchini!) et ses sbires au crâne tondu, à la poursuite d'une jeune fille prénommée "Hanna", prénom aux consonances juives, il me semble... intéressant retournement de l'idée nazillonne (et non pas nietzschéenne, please) de l'uebermensch: une figure juive – quasi édénique, sortie de son paradis blanc – poursuivie par les fafs.
Sinon, quelle putain de musique de malade (pour parler, presque, comme Lolo)! Contrairement à "Tron" et au score de Dafte Pounque, voilà enfin une vraie symbiose entre l'électronique parfois saturée et les images souvent hallucinantes (la longue séquence où Hanna s'enfuit du complexe militaire où elle est retenue... j'en rêve encore).


Charles-Antoine () a dit:
2.5, je trouve le film très réussi (notamment sur les questions de genre), mais paradoxalement desservi par sa dimension réflexive assumée, un peu comme si la complexité des questions qu'il aborde souffrait de ce cadre trop restrictif. C'est un peu regrettable compte tenu de la qualité de la tenue d'ensemble, sans parler effectivement du score, qui m'a poussé à aller écouter les Chemical Brothers au Paléo!