Film: American sniper

Vincent () a dit:
Mais quelle daube! C'est tellement premier degré que les rares moments où la trame est censée se densifier en deviennent immensément ridicules.

Une étoile pour les quinze minutes qu'on peut sauver çà et là.


Vincent () a dit:
En rentrant juste après, j'ai allumé la télévision et je suis tombé sur une diffusion de "Black hawk down"... Papy Clint aurait peut-être dû regarder deux-trois films avant de réaliser son truc pâteux.


Robert () a dit:
je trouve au contraire que la force du film réside dans son ambiguïté et dans son questionnement de la transmission de la violence

Black Hawk Down est certes un bon film sur une équipe mais dans American Sniper il s'agit du point de vue d'un individu informé (déformé) par une tradition culturelle

je trouve que le film est par contre décevant sur la question du point de vue visuel et sonore qu'on serait en droit d'attendre avec un film de sniper

l'affrontement entre le héros et sa Némésis (qui n'avait rien d'un champion olympique dans la réalité) est aussi un peu décevant


Vincent () a dit:
Robert, où vois-tu le moindre questionnement de la violence et de sa transmission? SPOILER SPOILER SPOILER Lorsque le personnage est à côté de sa femme, au lit, et qu'il n'arrive pas à dormir, gardant les yeux tournés vers le plafond? J'ai failli éclater de rire à ce moment-là. Ou est-ce quand il supplie mentalement un enfant de ne pas se saisir du lance-roquettes que vient de laisser choir un homme qu'il (le sniper) vient d'abattre? Là, j'ai failli m'étrangler (car, bien sûr, l'enfant en fin de compte "répond" à ce douloureux appel de détresse à distance, en repartant... ce qui permet en fin de compte au "héros" de ne pas avoir à choisir, et à peut-être remettre en question ses actes et ceux de ses collègues militaires). Ou est-ce plutôt quand un des vétérans estropiés à qui le sniper (démobilisé) vient redonner un peu de joie de vivre en leur donnant des leçons de tir s'exclame, au moment où il touche la cible, qu'il se sent de nouveau avoir des couilles (en substance)? Ah non, c'est sûrement quand, après avoir assisté à l'enterrement d'un de ses camarades, lors duquel la mère du défunt a lu une lettre où celui-ci déclare son dégoût de la guerre et ses doutes quant à la justesse de l'intervention militaire, le sniper répond à sa femme – qui lui demande ce qu'il a pensé de cette lettre – que c'est à cause de celle-là qu'il est mort, parce qu'il avait abandonné.

Il ne suffit pas d'une maigre séquence où le personnage semble péter un câble lors d'un anniversaire pour véritablement mettre en place un questionnement de la violence et de sa transmission, à mon avis.


Jean-Luc () a dit:
J'hésitais entre deux et trois étoiles, je pousse à trois pour contrebalancer la sévérité de Vince. Il y aurait pas mal de choses à dire sur le film, plutôt autour d'une bouteille de vin à l'occasion!


Vincent () a dit:
Du whisky!


Jean-Luc () a dit:
De vin puis de whisky!


Robert () a dit:
et la Grappa ?


Charles-Antoine () a dit:
2,5: j'avoue avoir été assez bluffé (la tension, l'écriture, la facture, l'interprétation), peut-être parce que je ne m'attendais à rien. En fait, même si cela ne vaut effectivement pas Black Hawk Down et encore mois The Hurt Locker (bon objet avec lequel le comparer), c'est un assez "bon" film de guerre.
C'est bien sûr une déception en Europe compte tenu du point de vue sur cette guerre, mais il n'y a effectivement aucun discours sur la transmission de la violence et encore moins de remise en question de l'usage de celle-ci dans ce contexte (voir le destin de celui qui ose suggérer un doute). C'est un film de guerre patriotique "classique", ce qui le situe dans la veine la moins irritante des films d'Eastwood pour moi, c'est à dire dans la lignée des héros que le cinéaste construit depuis Unforgiven: des hommes propres à susciter l'admiration (nationale) mais qui n'en sont pas moins empreints de défauts (à la fonction humanisante). J'ajouterais que j'ai apprécié le temps que le film prend pour montrer la souffrance du personnage de la femme (certes, réduite à la fonction de pondeuse) et le rôle positif qui lui est assigné, notamment via ses efforts pour sortir son mari de l'autisme typiquement eastwoodien.

On en discute quand vous voulez, autour d'une bière.


Frederico (pas vu) a dit:
Toujours pas vu, mais suis tombé sur cette image qui me semble applicable:



Robert () a dit:
ça fait 6 mois que j'ai vu le film mais dans mon souvenir il ne montre justement pas un héro ayant des remords ou de la tristesse par rapport à ses actions.

j'y vois plutôt un aspect moral: celui qui a vécu par l'épée meurt par l'épée, occis non par un ennemi de la Nation mais par un de ses soldats détraqués. Fin assez pathétique loin de tout héroïsme.

La répétition de la scène de transmission familiale de la violence montre à quel point cette société est vouée à sa propre destruction, et en cela je trouve que le film porte en creux une critique de ce système.


Vincent () a dit:
Mais pas avec les images finales – qui plus est extraites d'un matériau factuel et non fictionnel – qui célèbrent le héros de la nation! Cela annule tout ce qui pourrait – peut-être – suggérer auparavant une critique du système de transmission de la violence. Et d'ailleurs, on ne nous montre pas cette mort pathétique, on ne nous montre pas comment ce système se retourne contre lui-même. C'est bien une tache aveugle du récit.