Comme prévu, Rob Marshall n'est pas Gore Verbinski, du coup plusieurs séquences écrites pour le talentueux réalisateur des trois premiers épisodes n'expriment pas leur plein potentiel à l'écran. Cela dit, les scénaristes, Elliott et Rossio, feraient mieux de ne pas trop faire les marioles car leur histoire est rudement mal ficelée (les double et triples jeux abondent et seraient plus jouissifs si on comprenait clairement les paramètres d'une chasse aux trésors à objectifs multiples où chaque intervenant a des informations parcellaires).
Notons aussi une étrange évolution des scénarios. A la base on avait un héros (Bloom) qui avait sa romance avec une héroïne (Knightley), mais cette dernière s'avérait moins archétypale que prévue, séduite par le pirate ambiguë (Depp). Sparrow volant toutes les scènes, il devient le héros des films suivants et Bloom avec son personnage fade est balancé aux oubliettes. Pourtant, dans ce quatrième épisode, on nous ressort un jeune premier sans peur et sans reproche (et en bonus: bigot), tellement dépourvu d'ironie qu'on a l'impression qu'il s'est trompé de film. Il aura sa romance, mais cette fois Sparrow a aussi la sienne, donc vraiment il y en a une de trop.
Comme la surenchère hallucinante de l'épisode précédent (bataille navale dans maelström géant avec kraken!) cède le pas à quelque chose de bien plus mesuré à bien des égares, ce On Stranger Tides a un petit parfum de direct to video. Reste le plaisir de la série, quelques séquences quand même assez bien ficellées et une brochette de bons acteurs qui cabotinent comme des sagouins. Oh et Gemma Ward dans une courte séquence. On ne sait pas pourquoi elle ne tourne pas dans plus de films car elle a quand même bien prouvé avec The Black Balloon qu'elle est une actrice tout à fait compétente en plus d'avoir une photogénie qui lui a déjà rapporté plusieurs millions de dollars sur papier glacé. |