Je ne crois pas avoir vu beaucoup de films argentins. Je me souviens de Neuf reines, sur des escrocs et une planche de timbres, de El Aura et son taxidermiste qui pense pouvoir devenir un gangster et bien-sûr El secreto de sus ojos, la bonne surprise de l'oscar du meilleur film étranger. Point commun de ces films: tous avec Ricardo Darin dans le rôle principal. A croire qu'il est le Song Kang-Ho (oui j'ai dû chercher sur imdb...) du cinéma argentin. C'est donc presque naturel de le trouver dans ce Carancho. Un carancho c'est un rapace. Un gars qui au sein d'un système mafieux va proposer ses services d'avocat aux accidentés de la route pour faire cracher les assureurs. Ce que le carancho ne dit pas, c'est qu'il empoche 80% du pactole et que si il s'est présenté comme homme providentiel c'est parce qu'il soudoie des ambulanciers pour savoir qui quoi quand. Darin joue donc Sosa, un carancho qui a un bon fond (c'est - dit-il - la poisse qui l'a amené à faire ce métier) et qui, en rencontrant une femme médecin, se dit que sa chance est peut-être en train de tourner. Un dernier job avant de tout plaquer... on connait la rengaine et elle marche plutôt bien. Ricardo Davin traîne efficacement sont air de chien abattu et Martina Gusman, ici saoul de fatigue, là professionnelle déterminée, convainc. Trois étoiles? Par principe presque. Pablo Trapero travail avec une règle (au sens quasiment monacal du terme) stricte qui ne saute pas aux yeux immédiatement: si ça peut être filmé en un plan, alors c'est filmé en un plan. Ce n'est pas forcément des plans-séquences performance de la mort (quoi que sur la fin, on est pas loin de Children of Men), mais il y a quelque chose d'intrinsèquement élégant à avoir cette caméra mobile, ces espaces construits par déambulation, ces changements d'échelles, ces cadrages en enfilades là où on aurait des champs/contre-champs, etc. Il truc parfois un poil avec des jump-cuts pour passer d'une prise à une autre, mais on ne lui en veut pas et on lui met trois étoiles. |