Il y a un double effet lose-lose dans ce film qui choisi d'éliminer tout commentaire, dialogue ou mention scripturale (dans la ligne Koyaanisqatsi ou Baraka - Ron Fricke, le réalisateur, était déjà directeur photo de Koyaatruc et réalisateur de Baraka). 1) Soit on reconnait ce qu'on voit et on se dit "oh... encore ce truc", soit on ne le reconnait pas et on se demande ce que c'est sans en avoir la réponse. 80% du film tombe dans la première catégorie et c'est quand même un sacré problème. Il y a même des trucs qui sont de telles tartes à la crème qu'on croirait une blague. A Tokyo, il y a un endroit ou plein de piétons traversent en même temps et même que dans le métro il faut parfois des gars qui poussent les gens dans les wagons! Et moi qui pensait qu'on était presque en 2013... Cela dit, ne soyons pas vachard, il y a quelques trucs connus qui sont filmés de façon originales (notamment un pèlerinage à la Mecque qui commence assez classique mais se finit sur un plan hyper large hallucinant) et des choses inconnues (en tout cas de mes services) dont on comprend immédiatement les tenants et aboutissants (une manufacture de ravioli, un robot aspirateur de poulets...). 2) Le montage intellectuel pourrait tout aussi bien s'appeler le montage idiot vu que soit il dit des choses grossières, soit il est incompréhensible. Donc voilà, quand vous montez des images d'un fabrique de munition avec un militaire américain blessé de guerre (victime d'une explosion d'ailleurs), rien de très intelligent n'est dit. Idem avec la JSA Coréenne montée avec le mur israélo-palestinien. La grossièreté du collage ne fait pas justice à la complexité des deux choses qu'il joint. Pire, c'est même parfois insultant pour notre intelligence ou, pire encore, pour les sujets filmés. Alors non, les travailleurs dans les usines ne sont pas des robots, et les prostituées transsexuelles thaïlandaises ne sont pas des realdolls. Reste une production tournée en 70mm, scannée avec soin et passée sur DCP à une résolution a priori assez barge, ce qui donne une expérience de visionnement en salle des plus jouissives. La définition chante autant dans les plans extrêmement larges que dans les cadrages serrés, la photo est classe à souhait et la réalisation, sans génie, fait preuve d'une solennité de bon aloi. Le film est con, mais je pense que ça vaut quand même la peine d'être vu en salle. Ça change de toutes ces projections 3D de merde et autre HFR délavant. |