Après deux courts et un long, Makoto Shinkai a été catapulté au grade de nouveau Miyazaki. Si la comparaison est flatteuse, elle me semble infondée tant les films de Shinkai ont peu en commun avec ceux de son illustre aîné (si ce n'est qu'ils sont très bons!). En fan absolu du Château dans le Ciel, le talentueux cadet (5cm per Second - quatre étoiles au Grottino) tente peut-être de rendre la filiation plus concrète avec cet "Enfant qui poursuit les étoiles." Shinkai prend les poncifs du dessin animé japonais (une écolière accompagnée d'une petite créature mignonne, tombe sur un bel adolescent aux pouvoirs exceptionnels venu d'une contrée magique qu'elle part explorer) mais les accommode à sa sauce. Un quart des personnages est mort avant le début du récit et un autre quart meurt en court de route (à commencer par le bel adolescent), le film est donc hanté par la perte et rejoue le mythe universel d'Orphée. Pas un manche, notre bonhomme rajoute une bonne poignée de plans de coupe sur les cycles de la nature et fait se jouer nombre de scènes clefs dans des crépuscules aux ombres mouvantes. Malheureusement, le glissement du réalisme au merveilleux se transforme vite en dérapage incontrôlé pour cause de clichés pas détournés, d'une accumulation de mystères et de symboles hermétiques (dans les deux sens du terme) qui culmine dans un grand n'importe quoi. La ligne est mince entre la puissance poétique et le ridicule, mais ici, malgré ma bonne volonté, il me semble qu'on est du mauvais côté. Deux étoiles quand même pour la qualité de bien des ingrédients dans cette recette finalement indigeste. |