Wikipedia m'informe que Terence Rattigan est un célèbre auteur de théâtre anglais dont le jubilé de la naissance a conduit à la création de ce film, deuxième adaptation de sa pièce de 1952 (la première datant de 55 avec l'actrice qui la première avait incarné le rôle principal sur les planches). Wikipedia m'informe également que dans les années 50, les contemporains de Rattigan l'accusait déjà de faire un théâtre désuet, ce dont il n'avait cure car de son propre aveu il s'adressait à une spectatrice fantasmée, la tante Edna, une riche bourgeoise cultivée d'un certain âge. Je ne suis pas la tante Edna et du coup j'ai eu de la peine à être captivé par cette journée d'une femme détruite par la passion qu'elle porte à un ex-pilote de la RAF. Doit-elle retourner vers son mari riche, âgé, aimant, mais incapable de s'extraire de la gangue que constitue son éducation aristocratique ou tenter de rester auprès de son pilote aussi vivant, fougueux et jeune qu'il est sans culture, pauvre, frivole et surtout bien moins amoureux qu'elle? On dirait un peu de l’Arlequin avec ma description et c'est un peu injuste, car l'écriture de Rattigan se délecte d'une langue châtiée qui glisse facilement de l'ironie au mépris, et ses personnages ont une épaisseur louable (ainsi le pilote souffre que la guerre soit finie et est effrayé par le poids de l'amour de son amante, le mari, lui, est désemparé par l'attitude de sa femme et son incapacité à lui offrir ce qu'elle cherche). Et le film? A part une photo soft-focus pseudo-vintage très étrange, on reconnaîtra une structure élégante (les souvenirs du personnage principal lui reviennent au fil d'une journée), des thèmes liés à la culture assez intéressants (la musique, les chants dans les bars, le rapport au sport), et un filmage à la limite entre le posé et le pompeux. Les trois s'allient d'ailleurs dans un très beau travelling au son d'une chanson populaire à la conclusion surprenante. Belles performances des acteurs également, car non seulement la langue est assez difficile à faire sienne, mais il y a aussi pas mal de passages ou le verbe cède le pas aux regards, aux gestes, aux expressions faciales où des gènes, des frustrations, des troubles, se succèdent avec lisibilité et naturel. Google m'informe que l'expression caught between the Devil and the deep blue sea est une déviation de l'expression marine between the devil and the deep sea, le devil étant la limite entre le haut de la coque et le bas du bastingage, une zone qui nécessite d'être pendu sur le côté du navire pour être étoupée... un endroit dangereux et inconfortable donc. |
2,5 |