On se laisse entraîner en appréciant un montage nerveux assez bien torché et un cast qui fonctionne très bien (étonnamment, Garrett "Tron Legacy" Hedlund en tête), mais tout cela souffre tout de même de l’absence de problématisation d'un élément clé: le fait que le narrateur est, qu'il le veuille ou non, un poseur. Fasciné par la figure de l'hédoniste bourlingueur incarnée par Dean Moriarty, Paradise part sur la route sans le sou, mais avec la sécurité et l'affluence d'une famille qui l'attend à New York. Du coup, il y a quelque chose d'assez désagréable, d'obscène presque, de le voir jouer au pauvre vagabond aux milieux de ceux qui sont véritablement dans la dèche (On n'est pas dans le registre d'un Into The Wild où le personnage principal rejetai sa famille et détruisais effectivement et symbolique tout ce qui faisais son identité avant de partir). Le film effleure quelques fois ce problème (il reste observateur pour une grande part du film, il est coupé en deux sur la photo, il est choqué de voir Dean se prostituer car il peut se permettre le luxe d'un code moral, il fait un rêve fiévreux qui comprend un élément de white guilt) mais ne s'y confronte jamais de front. Peut-être parce que Kerouac lui-même n'était pas capable de cette auto-critique? |