Film: A Time in Quchi

Frederico () a dit:
Le black movie avait montré il y a quelques années trois films du taïwanais Tso-Chi Chang, puis un quatrième l'an passé. Ça laisse un trou de deux films qui font parti du cinéma invisible (seul un seul de ses film, The Best of Times, bénéficie d'une édition DVD occidentale). Du coup, quand Locarno passe son dernier film, A Time in Quchi, c'est soit on le vois là, soit on espère que the Black Movie le prend... AG aidant, j'ai décidé de ne pas prendre de risque et donc de prendre le train.

Tso-Chi Chang est plutôt du côté d'Edward Yang même si le sujet de ce film, un jeune citadin qui doit passer l'été avec son grand-père à la campagne, fait plutôt penser à Hou Hsiao Hsien (Un été chez grand-père). Simplicité et élégance sont de mise, même si on frise parfois le code avec une musique un sirupeuse venant souligner les moments émotionnels, mais il y a ici un art de la structure et de l’ellipse qui nous maintient du bon côté de la ligne rouge. Ainsi, quand on a droit à un montage commémoratif couvrants la relation entre le gamin et un copain décédés, les séquences commencent un poil plus tôt ou durent un poil plus longtemps, leur donnant soudain une tonalité différente, car finalement ce qui semblai anodin au moment où on a vécu les choses (et donc pas digne de figurer au montage) s'avère important rétrospectivement, lourd de sens à l'aune des événements ultérieurs.

J'allais mettre trois étoiles un peu généreuses, mais, en revoyant la bande-annonce du film, j'ai réalisé que ce mécanisme raffiné (le détail qui ne prend son importance que plus tard) est en fait à l'oeuvre dans tout le film. Ainsi, par exemple, quand l'institutrice de l'école d'été demande un peu inquiète si le grand-père vient cherchez le jeune citadin après le premier jour d'école, ce n'est pas seulement pour l'enfant (potentiellement incapable de retrouver son chemin) qu'elle se fait du soucis, mais aussi pour une potentielle confrontation avec un père avec qui elle a coupé les ponts.