Andrew Niccol est en train de dangereusement se spécialiser dans la SF bancale. Là, en plus, il adapte du Stephenie "Twilight" Meyer et il y a au cœur du récit un procédé littéraire qui est bien laborieux au cinéma. En effet, le personnage principal est une humaine dont la conscience est prisonnière d'un corps possédé par une entité extra-terrestre. Ces dialogues internes marchent peut-être sur le papier, mais au cinéma la possession doit être une affaire corporelle... on pense au Jackie Chan de Twin Dragon ou The Tuxedo par exemple. Au delà de ça, il y a une idée assez subversive qui ne dépasse pas l'exposition initiale (pour que tout aille bien sur terre, il faudrait que les humains cessent d'en être), une situation qui ne tient pas la route, un triangle amoureux qui fait autant d'étincelles qu'une patte humide, une opposition culture/nature particulièrement déplacée, un pan thriller qui tombe mal, une sous-exploitation pathologique du potentiel narratif de la situation posée (Ricky Gervais fait un film entier dans The Invention of Lying sur une société où le mensonge n'existe pas mais là on passe pratiquement dessus comme chat sur braise) ... mais pourtant, par bribes, il y a quelque chose qui fonctionne entre le style soigné de Niccol, la musique, le gravitas de William Hurt (une étoile à lui tout seul) et le charme de Saoirse Ronan campant un voyageur millénaire qui a parcouru sept autres mondes. Un souffle parfois tragique (on pense un peu à The Happening) parfois merveilleux, mais trop rare. |