Vu au FIFF. Ce film vietnamien n'est pas passé loin d'être très bon. En fait, il n'est même pas passé très loin d'être un chef-d'oeuvre. Un couple heureux mais pauvre vivant dans un village de maison-bateau (ou de bateau-maison?) tente en vain d'avoir un enfant. Ça coince du côté du mari. Les fortifiants ne faisant pas effet, l'épouse décide, "au nom de l'amour" de coucher avec un ami d'enfance qui lui donnera un fils. Seulement voilà, le père biologique ravagé par la folie et l'alcool, quitté avant le début de l'histoire par sa femme et son fils, voit d'abord dans la situation une bonne opportunité de faire chanter la femme pour plus de coucheries, puis réclame son enfant. La photo est régulièrement très belle (on a un début avec des corps perlés de sueur dans la pénombre qui semble sorti d'un pinku de la Nikatsu!) et cadres comme mise-en-scène font preuve d'une inventivité très au-dessus de la moyenne. Luu Huynh utilise le lieu original de l'action pour jouer avec les circulations des corps et des regards et même sur la topographie (le maître chanteur déplace sa maison à côté de celle du couple), mais on reste avec la sensation que cela pourrait être plus virtuose, encore mieux exploité. Jamais content quoi! Plus problématique, le récit est présenté de façon étrangement déstructurée sans que cela provoque autre chose que de la confusion, et les deux personnages masculins soufrent d'une écriture qui manque de subtilité. Ainsi, le père biologique qui pourrait être un personnage tragique et ambiguë est ici simplement un "méchant" et le mari fait preuve d'une bonhomie et d'une compréhension presque surnaturelle autant envers sa femme (pourquoi pas) qu'envers le voisin alcolo (tout autre personnage de fiction et un bon nombre de vrais personnes l'aurait balancé à la flotte une nuit au milieu du film pour qu'il passe d'ivre-mort à juste mort). En repensant au beau cast et à un final assez ébouriffant où le méchant rattrape la maison en fuite sur la rivière et combat le couple alors que la bicoque, devenue folle elle aussi, tournoie dans la nuit, j'ai presque envie d'aller à trois... |