Film: Wuthering Heights

Jean-Luc () a dit:
J'hésite avec trois étoiles car j'aime un peu moins la 2e partie. Je pousse à 4 pour vous encourager.


Robert () a dit:
Rejoint Splendor in the Grass et d'autres au panthéon des films sur les amours impossibles

Grande puissance formelle même si parfois à la limite d'un certain maniérisme


Frederico () a dit:
Je n'ai pas vu le livre ni vu le film de Wyler, mais il semble que cette adaptation face deux modifications assez classiques. La première c'est de s'arrêter à la moitié du livre (l'histoire se prolonge avec trois enfants dont un seul existe dans cette version), la deuxième c'est de flinguer le récit cadre (dans le livre, comme dans le film de Wyler, c'est un voyageur qui par lectures des journaux de Catherine et discussions avec Nelly recomposes les tristes évènements de Wuthering Heights). Il y a parc contre une grande originalité, c'est de focaliser le récit exclusivement sur Heathcliff ce qui, avec l'élimination du récit cadre, fait disparaître la quasi totalité du langage verbal.

Arnold pousse le bouchon encore plus loin, faisant un métis du "gitan à la peau sombre" et allant chercher des ados amateurs (ce qui donne par moment une étrange fraîcheur urbaine et contemporaine à ce récit rural et d'un lointain passé). Reste du coup un film âpre et beau comme les landes du Nord, malgré quelques fautes de goûts (987235 plans sur des oiseaux en cage et des papillons de nuits bloqués par des fenêtres, grotesque balade pop à la fin, etc).


Laurent () a dit:
Moi j'ai trouvé justement très courageux, au contraire, tous ces gros plans répétés sur les insectes, qui sont là pour servir la rythmique générale (oscillation constante entre ce micro-là des petits organismes et le macro des paysages – que de plans singuliers à cette échelle large d'ailleurs, à l'intermédiaire desquelles se situe la course vers l'avant du couple central). En gros, ce film réussit là où avait échoué Malick dans Tree of Life – qui lui jouait sur la juxtaposition non intégrée des rythmes du monde. Ici, à un niveau de projet plus élémentaire certes, toutes proportions gardées, Arnold parvient à construire graduellement une vision poétique du monde (en ce sens, comme le film récent sur Keats, mais avec une approche très différente, ce film s'ancre véritablement dans le romantisme du 19e, ici avec des accents qui n'auraient pas déplu à un Novalis épris de correspondances mystiques entre humain et nature).

J'ai tout de même mis du temps à entrer dans ce mouvement, par contre. Mais une fois parti (à peu près à la mort du père qui déclenche la tension narrative minimale sans laquelle même moi je n'arrive pas à vibrer), j'ai été progressivement envoûté jusqu'à l'absolue splendeur finale (romantisme fou, absolu, génial).

Ce film est-il la plus longue vidéo-danse de l'histoire?

L'apparition de la fille, plus âgée, dans le jardin, au fond de l'image… j'ai été tétanisé!