Film: The Room Next Door

Robert () a dit:
Film américain, mais tourné au pied des montagnes madrilènes dans sa très belle 2ème partie. A l'automne de la vie, le temps s'arrête et la transmutation des êtres nous offre une fin d'une beauté à en pleurer.


Jean-Luc () a dit:
Même si les deux actrices sont impeccables, je peine un peu à comprendre pourquoi le film n'est pas tourné en espagnol. Autrement, rien à redire...


Vincent () a dit:
2.5.

De magnifiques séquences, à l'hôpital ou, plus encore, dans le dernier tiers, quand le film démarre véritablement, touche enfin à toutes les tensions impliquées par cette situation impossible dans laquelle la mourante a mis son amie qui doit l'accompagner vers sa mort programmée.

Mais également des tunnels de dialogues inutiles – notamment une des scènes avec Turturro, et une diatribe écolo qui tombe de nulle part et va vers nulle part (parce que rien n'est tramé là autour... on voit l'idée, bien sûr, mais elle est balancée à la hâte), des flash-backs qui donnent une place beaucoup trop importante à des éléments de caractérisation autour du motif de la guerre – et là aussi, bien entendu, on voit l'idée, notamment parce que la mourante lors d'une ou deux répliques fait des liens entre passé et présent... mais il ne suffit pas de deux répliques pour créer une trame solide, et ici aussi le récit perd alors en cohérence.

La première partie new-yorkaise aurait dû être compressée, limitée à des éléments d'exposition totalement tournés vers le "huis clos" qui se prépare ensuite, un huis clos qui aurait pu alors être dilaté, pour explorer toutes les fascinantes facettes de la situation.

Les deux actrices principales, magistrales, bien sûr.


Charles-Antoine () a dit:
Rarement film aura-t-il réussi à toucher aussi juste dans son articulation entre l'intime et le politique, justement par touches allusives plus que par un martelage grossier, même si son usage de l'abstraction, son recours typique aux couleurs et aux décors géométriques, pourrait donner à penser le contraire. La chambre d'à côté comme le pas de côté face à la question de la finitude, la possibilité d'une perspective différente qui mime l'impuissance du spectateur face à la tragédie (le tableau de Hopper), tout en invitant à la vivre, à l'animer de l'intérieur: refus du fatalisme tragique via le mélodrame. Le recours à la contemplation de la neige, phénomène éphémère qui relève de la contingence, dit avec une simplicité désarmante la possibilité de saisir la durée dans un temps borné, de faire face sans illusion, dans un plaisir de l'instant qui n'est pas désir d'éternité.

J'ai été profondément ému par ce film qui dit une quête (futile sans doute) de sens dans un monde qui n'en a guère voire de moins en moins et qui pour cela prône l'exploitation d'une fiction préméditée qui échappe au regard inquisiteur du policier théiste et dogmatique (l'extrême droite) sans pour autant condamner la croyance (le flic se dit homme de Dieu, mais les deux religieux baisent, eux, parce qu'ils savent la guerre omniprésente).

Pourquoi ces actrices? En raison sans doute de leur carnation blafarde voisine, mais distincte; jamais le teint spectral de Swinton n'a été si bien utilisé.

Et on retrouve la sympathique Esther McGregor (fille de), après Babygirl, dans un rôle qui lui va comme un gant.

Après, je peux comprendre la réception de Vincent; cela n'a juste pas produit cet effet sur moi.

Ah, j'allais oublier: aucun film ne peut prétendre à un usage aussi juste de l'ellipse que ceux de PA.