Acteur prolifique, Daniel Auteuil en est l'air de rien à son 5ème film en 15 ans comme réalisateur. Trois adaptations de Pagnol, une d'une pièce de théâtre et, là, un film de procès inspiré d'un des récits d'un avocat lillois transposé en Camargue. La limite d'un cas réel, ce que ce n'est pas particulièrement rocambolesque, mais, d'une certaine façon, c'est aussi sa force. Comment dans des choses qui semblent banales, cousues de fil blanc, le doutes peut naître des débats contradictoires et de détails comme le fil (bleu) du titre. Il y a dans un tel projet un certain nombre de défis dans l'écriture et la réalisation (Que montrer? Que ne pas montrer? Avec quelle fiabilité?) qui ne me semble pas être tout à fait relevés avec succès (L'avocat devient soudainement narrateur pour introduire l'épilogue par exemple). Ça reste tout de même engageant et sans ventre mou. La conclusion me laisse un peu dubitatif, mais, pourquoi pas. Trois remarques: 1) C'est moi ou il y a eu ces dernières années une bouffée de films français de procès? Ou bien c'est un genre qui existe de tous temps et de tous lieux mais que ces dernières années plusieurs sont sorti du lot? Le fil souffre un peu de la comparaison avec Le procès Goldman, Anatomie d'une chute ou, a priori (je ne l'ai pas vu), Saint Omer. 2) Après milles films sur des avocats véreux qui défendent les coupables et des avocats angéliques qui défendent les innocents, j'attends toujours le film sur un avocat qui défend quelqu'un qu'il sait coupable mais qui estime que c'est moralement juste de le faire dans un système de justice fondé sur le débat contradictoire. 3) Film vu aux Galeries 5 (ex-Georges V) dans des conditions misérables pour cause de filtre polarisateur devant le projecteur générant une image fantôme particulièrement visible dans les nombreuses séquences de nuit. Je pensais qu'on était débarrassé de cette engeance, mais voilà qu'elle repointe le bout de son nez... |