Long métrage franco-japonais d'animation. J'y suis allé sans rien savoir dans l'idée simplement de continuer mon exploration pratiquement exhaustive des sorties d'anime en salle. Une jeune fille, un chat anthropomorphe... je m'attendais à un film pour enfant un peu gentillet. Surprise de taille, car le film fonctionne presque continuellement en opposition avec ce que pourraient être les clichés de ce type de produits et est nappé d'humour décalé. La première surprise est le désenjouement du merveilleux. Le titulaire chat-fantôme (apparemment le bakeneko est un classique du bestiaire fantastique japonais) entre dans le récit comme si tout était normal et est une sorte de semi-loser lourdingue qui gagne quelques sous en faisant des massages et les perd aussi sec au pachinko ou qui circule en mobylette avant de se faire arrêter car il n'a pas de permis. La lose est d'ailleurs un thème récurent, que ça soit le père de l'héroïne, endetté jusqu'au cou qui largue sa fille dans le temple de son enfance, les gamins désoeuvrés du village, le pote poissard d'Anzu, la bande de pieds-nickelés que sont les autres yokai du coin... C'est très particulier. Les deux premiers tiers du film sont des tranches de vies mettant en scène cette étrange galerie. C'est véritablement singulier dans le ton et la nature mineure des péripéties. Le dernier tiers, plus faible à mon goût - mais peut-être justement car on retrouve une forme de récit plus classique - se cristallise sur la quête de la fille de revoir sa mère décédée trois ans plus tôt. Techniquement ce n'est pas bouleversant, mais aussi assez original car il y a une grande utilisation du rotoscoping (dessin sur la base de scènes filmées). Ça donne sur cet aspect également un style très personnel au film. Je ne suis pas certain de comprendre à qui cette étrange long-métrage est destiné (je ne peux pas croire que les enfants y trouvent leur compte), mais qu'importe: j'ai beaucoup apprécié. NB: C'est une adaptation d'un manga qui n'est à ma connaissance pas traduit en français. Je me demande si ce n'est pas du yonkoma manga, c'est-à-dire des gags en quatre cases (comme c'était le cas du merveilleux Mes voisins les Yamada). |
Je dois faire un mea culpa. Je n'ai pas du tout réalisé que ce film est en fait auteurisé: il est réalisé par Nobuhiro Yamashita, dont on a pu voir en festival les films pas d'animation Tamako in Moratorium (une ado dans le vague sur son avenir), La La La At Rock Bottom (un marginal front man d'un group de rock amateur), Over The Fence (un trentenaire qui sort de prison et fait un apprentissage de charpentier avec d'autre gars qui ont déraillé et qui s'éprend d'une trentenaire bipolaire), Hard-Core (des pieds nickelés fabriquent un robot) et encore My Uncle (un Alleno-Keatono-Tatiesque prof de philo a la garde de son gamin de neveu et l'emmène à Hawaï ou il compte séduire une femme qu'il a rencontré à Tokyo). Un paquet de films réalisé ces 10 dernières années (il y en quatre autre qui sont passé entre les gouttes). On a aussi vu en rétrospective un plus vieux, Ramblers (2003 - deux journalistes ou écrivains qui battent la campagne pour faire des critiques d'auberge ou quelque chose du genre - du vrai film fauché de chez fauché). Et il y a encore 9 longs dans sa filmo! Avec ce Anzu, chat-fantôme Yamashita reste dans son univers et creuse son sillon. Assez marrant vu que bon nombre de ses films sont des adaptations. |