Pendant les vingt premières minutes, j'ai été rempli de frissons, fasciné par ce qui se déroulait devant moi sur l'écran. Mais le film perd ensuite graduellement en intensité, avec une alternance de scènes qui font mouche et de moments plus plats. Problème de scénario à mon avis: les enjeux se multiplient, ce qui rend la trame de moins en moins consistante, et la dynamique de l'ensemble s'alourdit par moments. On démarre autour d'un axe sociopolitique (les puissants et les autres), qui traverse le récit d'un bout à l'autre; puis vient l'axe du changement de sexe, à quoi s'ajoute dans la seconde moitié un drame de couple. Les deux premiers axes pourraient encore assez bien s'articuler l'un à l'autre, mais le dernier crée des interférences dont on aurait dû se passer. |
Projet étonnant qui ne fait pas grand choses des nombreux thèmes qu'il brasse. Fugacement bien, ici et là. Ici, un mouvement de caméra, là une réplique qui émeut, ici une belle mesure dans la partition (donc, soyons mauvaise langue même si ça participe peut être du genre, une mesure = le tiers d'un morceau), là un geste chorégraphié... L'exploit aurait été de nous faire avoir ne serait-ce qu'un peu d'empathie pour un baron de la drogue et sa trajectoire trans-rédemptrice, mais non, ce n'est pas possible. Vraisemblablement parce que la dite trajectoire n'est bâtie que sur des privilèges obtenus à coup de montagnes de cadavres. |
Sentiment partagé avec Vince. Première demi-heure stupéfiante, suite en dent de scie et fin décevante. Les séquences s'inscrivant le plus dans la comédie musicale - la scène de la clinique par exemple - sont assez faibles, mais d'autres qui s'inscrivent plus dans le film chanté - comme la scène du camion sussurée - sont magnifiques. J'ai des réserves sur le projet du film, mais 4 étoiles rien pour cette 1ère partie du film durant laquelle j'étais littéralement en transe. |
Je suis assez d'accord dans l'ensemble, même si je n'ai pas constaté une perte d'intensité aussi forte que celle que vous semblez rapporter. Je craignais un peu le pire en raison des comparaisons parfois entendues avec Annette, mais ça n'a rien à voir finalement à mon avis. Pour une lecture un peu ludique, on peut aussi voir dans ce film une métaphore de la tentative et/ou de l'aveu d'échec d'un réalisateur qui, à l'image de son personnage trans (baron hypermasculin de la drogue devenu lesbienne altruiste), questionne depuis de nombreuses années la possibilité d'occuper la place, de retranscrire, de s'inspirer, de faire écho à l'expérience de femmes et des prolos (Sur mes lèvres, De battre mon cœur s'est arrêté, Un prophète, De rouille et d'os, Les Olympiades, etc.) et qui est souvent rattrapé, comme dans le(s) film(s), par ses tropismes de genre et de classe. Ici, avec ce curieux retournement un peu nietzschéen, où c'est la "faiblesse" du fort (et son hétérosexualité compulsive) qui devient le motif de sa chute. Difficile à dire si ce jeu est incroyablement vaniteux, modeste, complaisant ou s'il fait même signe d'autre chose que d'un simple retour sur lui-même, s'il est parlant ou inaudible, mais il y a en tout cas quelque chose d'original qui se joue voire se creuse. |