Film: Love Lies Bleeding

Frederico () a dit:
Je suis surpris d'être le premier à voir ce film, mais peut-être est-ce parce que les autres grottiniens ne savent pas que la réalisatrice du film a utilisé Showgirls comme matériel de référence pour expliquer au cast et à l'équipe le type d'esthétique qu'elle visait.

Pendant un moment j'ai cru que ça allait être excellent, avec un petit côté Refn ou même Lynch quand ces derniers étaient en forme. Mais le film ne fait que trop peu de son ancrage pourtant original (salle de musculation, stand de tir, bodybuilding féminin, trafique d'armes, trafique de stéroïdes) et prend un pari très risqué en glissant de plus en plus loin d'un certain réalisme au fil du récit et. à mon goût, le perd. Pour être mauvaise langue, on pourrait dire que tout cela demeure un peu décoratif.

On touche à quelque chose de difficile à expliquer ou à analyser. Quand est-ce que s'écarter d'un récit "classique" donne un souffle de liberté et de folie, dégage un charme fabuleux ou onirique, crée un décalage ou un vertige? Et quand est-ce que cela nous fait juste dire: "Vraiment? Ça devient n'importe quoi là...". Avec ce film je suis plutôt dans le deuxième cas, mais je ne peut que vous souhaiter d'être dans le premier.


Vincent () a dit:
Tout à fait d'accord. Les trente premières minutes sont fascinantes. Et ensuite... ça s'hybride avec une sorte de surnaturel vaguement horrifique (ça fait étrangement penser à The Substance par certains aspects, entre autres sonores), pas tout à fait raté, mais pas tout à fait réussi et cohérent non plus.

On est plus ou moins métaphoriquement aux portes de l'enfer (ou déjà dedans), avec une image séminale et récurrente noire et rouge de faille dans le sol où se cachent des corps (victimes du mafieux de l'histoire), et un club de musculation nommé Crater (bon, probablement une référence à kratos, i.e. le pouvoir en grec, mais quand même)... Et, dans un tel cadre, il y a de toute évidence l'envie de traiter du thème de la monstruosité (une des héroïnes est explicitement qualifiée de monstre par sa mère, lors d'un bref échange téléphonique), en interrogeant ce qui fait le monstre – une apparence (bodybuildée)? une sexualité (homo)? ou plutôt un rapport de forces ultragenré (les figures masculines capables uniquement de violence et non d'amour)? ou encore un contrôle bien trop froid pour être honnête (le père mafieux diabolique)?

Bref, beaucoup de potentiel, mais pas tout à fait convaincant.