Film: Varshangalkku Shesham

Frederico () a dit:
Heh oui! En lisant le titre vous aviez déjà compris que c'est encore un film indien vu au Flon! Ces sorties semblent se densifier, donc je me demande si il n'y a pas un effet de prolifération car un "hub" de production s'étant mis à faire des sortie mondiale, petit à petit d'autres pôles de production s'y mettent.

Ce Varshangalkku Shesham (dont le titre se traduit par "Des années plus tard") est un film du Kerala en langue malayalam. Le film est nettement structuré en deux parties même si un récit cadre englobe le tout: La première partie suit les années formatives de deux amis dans les années septantes, un écrivain et un musicien, qui quittent le Kerala pour se rendre à Madras (actuellement Chennai) et entrer dans l'industrie du cinéma. Des hauts et des bas, de la comédie et du drame, des chanson, mais pour des raisons que nous ne divulguerons pas, les deux amis se séparent avec des destins contraires.

Des années plus tard (le titre!), les deux amis vieillissants se retrouvent et décident de faire un film ensemble. Les péripéties de cette production occupe la deuxième partie.

Si malgré son sujet le film n'est pas particulièrement éclairant sur les coulisses de l'industrie cinématographique indienne, il tient très bien sa longueur, et il y a quelque choses d'assez élégant d'avoir des personnages qui dans une partie sont de talentueux idiots aux yeux pleins d'étoiles et dans l'autre des maîtres de leur Art désabusés.

Sans atteindre des sommets, la comédie est parfois drôle et ne repose pas trop sur des références (même si pour des raisons que je développe plus bas, il y en a certainement beaucoup). La bromance relègue les deux personnages féminins à des rôles proches du caméo, les chansons sont pas mal mais pas extraordinaires, l'acteur qui joue le musicien a beaucoup de charisme autant dans la première partie que dans la deuxième où sa crinière et sa barbe poivre et sel forcent le respect, mais il n'est vraiment pas crédible dans sa gestuelle de violoniste et de chef d'orchestre. Tout est un peu mi-figue mi-raisin, mais pourtant l'ensemble fonctionne bien et me fait même aller jusqu'à trois étoiles. Je n'ai pas boudé mon plaisir.

La critique locale semble un peu tiède, mais c'est peut-être parce que le film par son thème et sa distribution est mis en lien avec un film de 2005 (Udayananu Tharam - gros succès public et critique, apparemment inspiré par Bowfinger!) dans lequel le duo d'acteur est formé des pères du duo de ce film! Le réalisateur et scénariste est aussi le frère d'un des deux acteurs principaux. Plutôt marrant quand une des scènes fortes du film est la tirade d'un acteur sur le déclin contre le copinage et les "fils de" qui font la loi dans le cinéma!


Pour conclure, j'ai vu ce film dans une séance du Vendredi soir à 22h40. Alors certes on sort du cinéma à presque 2 heures du matin et le film est sous-titré en anglais uniquement, mais on était 4 dans la salle. Un petit groupe de trois personnes a priori d'origine indienne et moi. Je trouve un peu triste d'être dans la ville de la Cinémathèque Suisse, d'une des rares écoles de cinéma du pays et d'une université qui a une section Cinéma et que je sois le seul curieux.

Après, c'est clair que dans les années 90, pour voir un film de Bollywood on avait été (avec Robert je crois?) acheter une VHS au bol dans une épicerie indienne sous gare. Aujourd'hui j'imagine que toute cette cinématographie est accessible en trois clics (Pyassa de Guru Dutt, chef-d'oeuvre de 1957, était passé au festival de Fribourg après sa restauration et le gars de la programmation nous avait dit qu'au prix qu'ils avaient dû payer pour avoir le film et le montrer à une vingtaine de spectateurs, c'était sans aucun doute les places les plus chères de l'histoire du Festival, mais maintenant on peut le voir en entier sur youTube!). Mais que tout soit accessible facilement ne veut pas forcément dire que beaucoup on la curiosité d'aller voir ces films... beuh.