L'immense Rabah Aïmeur-Zamèche a encore frappé! L'un de ses films les plus aboutis, avec comme d'habitude le recours à un cast de non professionnels, dont l'ancrage dans une réalité des paroles et des gestes, produit un troublant décalage de ton (un peu comme chez Dumont, mais en moins barré et surtout moins distancié). Le récit de polar banlieusard (une bande de copains paumés d'une même cité braque un milliardaire arabe et en paie les conséquences), traité de la sorte, n'en devient que plus intense, entre prises sur le vif (le point de vue détaché et surplombant du militaire à la retraite, taiseux qui observe le gang de losers attachant et finit par embrasser leur cause) et éclats de théâtralité (une longue séquence d'ouverture autour d'un étrange rituel funéraire, avec la chanteuse AnnKrist; et… une scène surprise de disco qui justifie à elle seule le visionnage du film). Un seul bémol : c'est le Zinema qui a distribué le film à Lausanne. Quelle honte. Mais RAZ, pas snob pour un sou, s'est déplacé pour l'occasion. |