J'écrirai ma notule quand j'aurai accès à un clavier. D'ici là: ce film indie américain est-il sorti à Lausanne? |
Adaptation d'une pièce de théatre qui est plus qu'inspirée de fait réels: Reality Winner (véritable nom, aucune fiction n'oserait ça!) ramène ses courses à la maison, mais quand elle arrive chez elle, deux hommes l'attendent. Ce sont des agents du FBI. Cette véritable rencontre a été enregistrée de bout en bout par les agents et l'idée de la pièce et du film c'est de reprendre les dialogues verbatim. On en dira pas plus, car une grande partie de l'intérêt pour le spectateur est de comprendre ce qui se passe, le FBI ne jouant pas cartes sur table. L'autre intérêt, c'est des dialogues comme on en entend jamais dans une fiction et rarement dans un documentaire, car ils ne répondent pas à une logique de construction, mais, d'une certaine façon, peut-être participent-ils de la part du FBI à une logique de déstabilisation. On se répète, on digresse, on change de registre, on est interrompu, on bafouille... il y a une tension très particulière liée au langage est à la situation qui nous fait osciller entre l'effroi et l'hilarité. La force du procédé est aussi sa limite: on a pas droit ici à douze rebondissements bien huilés, mais 82 minutes de plongée dans une étrange valse sociale, qui dresse à la fois le portrait d'une personne complexe et d'une procédure entre la puissance de l'Etat et la fragilité de l'individu. Sydney Sweeney livre une belle performance dans le rôle titre, tout comme Josh Hamilton dans le rôle de l'agent en chef, doux sans être doucereux et ferme sans être menaçant. Tina Satter adapte sa pièce pour son premier film avec sobriété. Quelques effets, notamment pour gérer les parties censurées dans les sources officielles, et également pour, par-ci par-là, nous rappeler que tout cela est une reconstitution de faits réels (phots d'archives, documents, audio de l'enregistrement, etc). Pas forcément nécessaire, mais dur de se rendre compte de ce que ça aurait donné sans cela. |