Déçu en bien par cette comédie romantique indienne. Peut-être dû au critiques locales où à l'heure de la séance (dimanche après-midi) une des grandes salles du Flon était pleine à 60% au lieu de la poignée de spectateurs habituels. Ce qui est étonnant c'est que le film fonctionne alors même qu'il manque aux spectateurs comme moi - c'est-à-dire non versé dans les cultures indiennes, leurs langues et leurs cinématographies - des dizaines de clefs de compréhension. Cultures, car au coeur du récit Roméo-et-Juliette-isant il y a d'un côté une famille conservatrice punjabi, riches marchants de pâtisseries traditionnelles, et de l'autre une famille progressiste bengali dépositaire, pour faire vite, de la haut cultures (dance, littérature, journalisme...). Langues, car beaucoup de comique verbal vient du fait que Roméo-Rocky a un piètre niveau d'anglais et qu'il comprend donc de travers les mots "compliqués" que l'éduquée Juliette-Rani ou sa mère prof' d'anglais insèrent dans leurs phrases. Un personnage secondaire fait également constamment des lapsus en hindi. Les sous-titreurs ont sués et s'en tire pas très bien. Cinématographies, car, et c'est une des surprise du film, la romance des personnages principaux naît du fait qu'il font se retrouver leur grand-mère et grand-père, ce dernier, sénile, retrouvant un peu de sa mémoire et de sa joie de vivre à la vue de son amour de jeunesse. Ce qu'on déduit en voyant le film, et qui est confirmé en parcourant wikipédia après-coup, est que ce couple est formé de deux stars du cinéma indien (Dharmendra, plus de 80 ans, et Shabana Azmi, plus de 70). Ainsi, plusieurs numéro musicaux utilise, sinon des classiques bollywoodiens (peut-être renvoyant à des rôles passés du couple?), en tout cas des airs d'un autre temps. Ce qui est étonnant c'est que déduire cela suffit à créer une réelle et puissante émotion, un peu peut-être à la façon du final d'Indy 5. La bonne surprise, c'est que si l'argument de la deuxième partie du film est assez stéréotypé et lourdingue (décidés à se marier, la tradition voudrait que l'épouse rejoigne l'époux dans sa famille, mais Rani propose l'inverse ce qui ne convient pas à Rocky, pour trancher, chacun passera les mois précédant le mariage dans l'autre famille pour décider qui s'acclimate le mieux à un univers si différent - on notera que l'option C, fonder son propre chez-soi, n'est même pas envisagée), l'écriture est souvent plus délicate que l'on aurait pu le craindre, notamment dans son traitement de certains personnages secondaires. La romance et la comédie ne sont paradoxalement pas les points les plus forts de cette comédie romantique, et les grand numéros musicaux ne sont pas non plus extraordinaires (j'ai préféré les belles balades retro), mais le film touche juste dans ses nombreux moments mélodramatiques (le père de Rani et les brimades et quolibets qu'il a enduré toute sa vie pour la pratique d'un style de danse principalement associé aux femmes, Rocky confessant que si ses mots maladroits peuvent heurter, le mépris que les personnes cultivées ont pour lui est humiliant, etc). Je pousse à trois étoiles. |