Pour une raison mystérieuse, le gros blockbuster d'action du cinéma indien de début d'année a eu droit à une sortie mondiale, incluant la Suisse. Je suspecte qu'ils ont eu l'idée de vendre les droits internationaux pour des cacahouètes histoire de pouvoir battre toutes sortes de records de recette internationale pour un film en hindi et s'en servir pour la promotion du film en Inde. Après, cette théorie vaut ce qu'elle vaut car pour le marché domestique, le film bénéficie déjà d'un cast de poids lourds et d'une structure artificielle de franchise. Les poids lourds, se sont Shah Rukh Khan (une analogie pourrait être un musculeux Tom Cruise local, 57 ans et encore à jouer les jeunes premiers de film d'action du haut de son mètre septante) et Deepika Padukone (une joueuse de badminton devenue mannequin puis actrice dans les années 2000). La franchise artificielle c'est le YRF Spy Universe. Yash Raj Films était en train de produire une série de films autour d'un personnage d'agent secret, Tiger, et ils ont constaté qu'ils avaient dans les tuyaux un autre truc du même genre et du coup il l'on annoncé comme étant dans la même continuité fictionnelle (en changeant peut-être deux virgules du scénario). Pathaan est un peu moins malhonnête vu que l'écriture à eu lieu après la naissance du concept, et bénéficie d'une longue scène d'action qui voit Tiger (incarné par Salman Khan, autre superstar en fin de cinquantaine, dans un format plutôt du genre Lino Ventura) sauver la peau du héros. Et le film dans tout ça? Une structure alambiquée de récits dans le récits pour permettre à coups de flashback de sauter rapidement d'une scène d'action à une autre, deux séquences musicales sur de l'hindi-pop électronique corsetée à l'auto-tune, les dialogues les plus mauvais sur les clichés les plus éculés et une mise-en-scène qui oscille entre bouillabaisse et, très fugacement, du Gore Verbinski en petite forme (notamment une séquence chorégraphiée dans un espace formé du toit d'un camion en mouvement encadré de deux hélicoptères reliés entre eux par un câble). Les deux regrets sont qu'il n'y a pratiquement aucune scène d'espionnage, c'est-à-dire jouant sur une tension (filature, infiltration, etc) et douze mille scène de grosse action qui tache, d'autant plus répétitive que soulignées par les même trois thème musicaux encore et encore. Le second c'est que le récit souffre très lourdement de la comparaison avec les blockbuster en telgu de S. S. Rajamouli qu'on a pu voire dans les années récentes. Chez ce dernier il y a non seulement une puissance fabulesque (le prince déguisé en manant dans Baahubali 2, la mère qui accepte des piécettes sans comprendre qu'elle vend sa fille au début de RRR) mais aussi quelque chose de plus jubilatoire dans l'outrance des scènes d'action (il faudrait analyser plus avant pour comprendre pourquoi cette même outrance ne produit pas la même satisfaction dans Pathaan). Une étoile pour la curiosité. PS: On laissera à d'autre l'analyse politique du film qui voit un général pakistanais engager le mystérieux Jim, un ex-agent des services secrets indiens devenu terroriste mercenaire, pour mettre l'Inde à genou en réponse à l'abrogation de fait en 2019 de l'article 370 de la constitution indienne traitant du statut particulier de la région du Cachemire. Pathaan agent indien semi-rogue s'associe à une agente pakistanaise infiltrée dans l'organisation de Jim. |