Je ne résiste pas au plaisir de créer la fiche de ce film dont j'attends beaucoup et qui sort aujourd'hui. C'est le nouveau Scott Cooper, dont la filmo impeccable jusqu'à présent (Crazy Heart; Out of the Furnace; Black Mass; Hostiles; Antlers!!!) se voit donc désormais augmentée de ce murder mystery mettant en scène Edgar Allan Poe lui-même. On y retrouve aussi Christian Bale. Seule ombre au tableau, c'est une distribution Monde Netflix… |
Comment est-ce possible, avec des moyens techniques et artistiques pareils (photo soignée du collaborateur attitré de Cooper, Takayanagi Masanobu, musique de… Howard Shore), des décors enneigés magnifiques, un supporting cast parmi les plus fous jamais réunis, pour épauler le duo central Christian Bale et Harry Melling – que je ne connaissais pas du tout, mais qui est impressionnant en Poe théâtral quasi-Nosferatu (Toby Jones + Simon McBurney + Timothy Spall + Robert Duvall + Charlotte Gainsbourg + Lucy Boynton + Gillian Anderson, etc.)… … de rendre une copie aussi terne et quelconque? À l'exception d'une superbe séquence où le film, après une heure plan-plan, semble enfin trouver son rythme (étiré, étrange, on retrouve un peu les précédents Scott Cooper…) – je pense à la réception chez les Marquis en montage alterné –, difficile pour moi de m'intéresser à ce récit des plus convenus que le film semble pourtant s'évertuer à présenter comme passionnant et profond, et ceci en dépit des performances de haut vol des comédien.ne.s (le film finit d'ailleurs par souffrir de tout cet acting-fest attirant l'essentiel de l'attention). En effet, le constat essentiel est que l'histoire brodée par le romancier Louis Boyard à partir d'une idée géniale (qui est en fait ce Landor, propriétaire de la nouvelle très descriptive Landor's Cottage de EA Poe?), aligne tous les lieux communs du "whodunnit historique" à un point qui dépasse l'entendement, y compris dans ses rebondissements, et, en ce qui me concerne du moins, ne m'a pas la moindre seconde intéressé… L'échec est malgré tout esthétique, puisque cette même trame poussive aurait pu être négligée et détournée au profit d'une création d'atmosphère, mais le découpage sans âme (image belle, certes, mais en enfilades de champs-contre champs visiblement tournés à deux caméras simultanées) de la plupart des dialogues empêche le film de suivre cette voie-là. |
1,5 |
Je ne suis pas fondamentalement en désaccord avec les réserves énoncées par Laurent, mais elles ne m'affectent pas autant que lui. La copie finale est très convenue, on pourrait dire académique, et c'est d'une beauté à couper le souffle. Du spectateur, mais, peut-être aussi du récit. 2,5 |