Vu en 2022 après La conspiration du Caire. Même scénariste-réalisateur secondo sudéois d'origine égyptienne, Tarik Saleh, et même lieu pour l'action, mais un peu à la façon des "Il y a-t-il..." la répétition n'existe que dans les titres français, pas dans les titres originaux. À l'aube des manifestations de la place Tahrir, une chanteuse pop est trouvée égorgée dans le Nile Hilton (incident qui donne son titre original au film). La police mène l'enquête, mais, pas de bol, le job principal de cette dernière semble être de toucher des pots-de-vin, de mettre la main sur l'argent qui traîne sur les scènes de crime et dans les poches des suspects (non sans les avoir torturé un peu) et d'attendre les téléphones de leur hiérarchie (elle-même contactée par les élites politiques) pour savoir quelle enquête doit être menée et quelle autre abandonnée. Rapidement c'est la seconde voie que l'Incident du Nile Hilton est sensé prendre, mais le anti-héros de service décide (avec des motivations qui demeures ambiguës) d'aller toquer à la porte du magnat de l'immobilier qui semble impliqué dans l'affaire... Un peu comme dans La conspiration, Saleh pose très bien son décors avec les différentes échelles de pouvoir qui s'entrecroisent et une galerie de personnages où chacun tente de transformer la moindre once d'autorité en once d'or. Dans la forme et dans l'intrigue par contre, ça demeure très calibré, ce qui donne une grande impression de déjà-vu malgré le cadre original et ça tient moyennement la route par certains aspects (cohérence économique, logique de l'enquête, motivation des antagonistes). Après, un des plaisirs possible avec les films de genre c'est d'assister à la succession des clichés, mais pour que cela fonctionne il faudrait que cela soit plus appuyé ou que cela soit accompagné d'un souffle formel particulier (on peut penser par exemple à La isla mínima). Ce n'est pas le cas ici. Dur d'aller plus haut que deux étoiles donc même si ça se regarde sans ennui. On notera que c'est vaguement inspiré par le meurtre de Suzanne Tamim en 2008, une chanteuse libanaise dont l'assassinat à Dubaï avait été commandité par un entrepreneur et parlementaire égyptien. Le mobile était une rupture unilatérale, mais le pétrin politique est arrivé après, Dubaï ayant fait pression sur l'Égypte pour que l'immunité parlementaire du commanditaire soit levée, puis une condamnation à mort en première instance est devenue 15 ans de réclusion en appel qui ont débouché sur une grâce présidentielle 7 ans plus tard dans le pack des graciés du ramadan. Depuis, le brave homme est de retour à la tête de son empire immobilier... |