Film d'animation japonais vu au GIFF. Inu-Oh (littéralement le roi des chiens / le roi chien mais c'est ici le nom propre d'un personnage - on notera que la translitération aurait pu être Inuou ou Inuô) est l'adaptation d'un roman récent avec Masaaki Yuasa a la réalisation (Mind Game / The Night is Long, Walk On Girl / Ride Your Wave) et Taiyô Matsumoto au design des personnages (Amer Béton, Ping-Pong). Deux figures de l'animation et du manga très connues mais opérant hors de l'esthétique dominante. Un troisième homme qui semble être du même tonneau mais inconnu de mes services est impliqué dans le projet : Yoshihide Otomo un compositeur / multi-instrumentiste qui s'est chargé de la musique. Un rôle important vu que Inu-Oh est une suite de performances musicales dans sa deuxième moitié. Bien comprendre ce film demande un degré d'érudition que je ne possède pas, mais avec la béquille qu'est wikipedia je peux claudiquer au fil de l'explication suivante : un texte classique de la littérature japonaise est le Heike Monogatari qui est une compilation de récits de la tradition orale faisant la chronique de la guerre entre les clans Taira (aka Heike) et Minamoto à la fin du XIIème siècle. Le récit de Inu-Oh se déroule au début du XIVème siècle alors que les récits des conteurs aveugles joueurs de biwa (le luth japonais) sont sur le point d'être compilé dans cette anthologie. Au coeur du film est la question de ce qui deviendra canon et de ce qui deviendra apocryphe, les deux héros, le musicien aveugle Tomona/Tomoichi/Tomoari et le danseur difforme Inuô, étant les représentants de nouvelles histoires et de nouvelles formes. La première partie suit la jeunesse des protagonistes (principalement Tomona) et ce qui les amène à se rencontrer puis à joindre leurs forces. Cette partie est formellement hallucinante. Il y a un rythme qui fait penser à la référence du genre; Ivre de femmes et de peinture, et une créativité visuelle et de mise-en-scène réjouissante (notamment comment Tomona perçoit le monde via les sons). La deuxième partie suit la série de performances du duo. Il y a là aussi de belles idées de mise-en-scène (et sur deux niveaux : celui du film et celui des spectacles dans le film), mais c'est difficile d'adhérer au projet du point de vue de la musique et des chorégraphies. En effet, on a droit à une heure de pastiches de Queen et de références à Michael Jackson, Jimmy Hendricks, Mick Jagger, David Bowie, etc. La moyenne fait quand même trois je pense. |