Le jeune Adam débarque à l'Université Al-Azhar du Caire liée à la mosquée du même nom et voilà que le grand imam, de facto une des plus haute autorité de l'islam sunnite, meurt. Ce thriller n'est pas un whodunnit, mais une guerre de succession. Infiltrée par les frères musulmans autant que par les indicateurs de la Sécurité Nationale, l'université va être le lieu d'un grand bras de fer secret et Adam, bien malgré lui, se retrouve partie prenante dans cette sale histoire. Victime peut-être de mes hautes attentes, je vais en rester à deux... deux et demi ? La grande force du film, outre son contexte original, c'est que différentes hiérarchies s'affrontent les unes les autres tout en étant en proie à des luttes intestines. Malheureusement, je trouve que le récit fait plus l'exposition de cette complexité plutôt que de s'en servir comme soie pour tisser sa toile. Après, ça a quand même eu le Prix du Scénario à Cannes. Tarik Saleh, le réalisateur suédois du film, a aussi fait en 2017 Le Caire confidentiel, qui lui est un police procedural. C'est semble-t-il pas mal aussi. |
Je m'étais fait avoir par Le Caire confidentiel, qui m'avait horripilé par son alignement de lieux communs (je me souviens d'un hôtel, d'une boîte de nuit, de péripéties vaguement politiques, d'une ambiance de sous film noir revisité eighties), mais la bande annonce de ce nouveau thriller au sujet original (de l'espionnage avec des accents de murder mystery dans une université islamique) m'a motivé à prendre à nouveau un risque. Le film souffre en fin de compte des mêmes problèmes que le précédent. Malgré le décor et les personnages, qui peuvent suffire à maintenir l'intérêt (le film est structuré autour des différents candidats à l'élection du Grand Imam, dont se rapproche successivement le jeune infiltré), c'est l'impression d'un scénario cousu de péripéties certes nombreuses, mais en fin de compte toutes vues et revues dans le moindre polar bon marché qui finit par dominer. En effet, le film choisit d'y concentrer l'essentiel de son propos au lieu de mettre l'accent sur ses points forts, tels les discussions religieuses ou les ressorts politiques, qui auraient vraiment mérité plus de place – alors qu'ils ne demeurent que de simples couleurs secondaires, effacées par une mécanique conventionnelle débouchant sur un happy end quasi hollywoodien. Dans le même esprit "film de genre fait hors du pays par un expat", le truc de tueur en série iranien, aussi sorti cette année, nous offre une sortie plus radicale et cynique, alors qu'ici triomphe le kitsch du "rebondissement". Une belle idée, malheureusement non développée comme à peu près tout dans ce film : l'imam que veut imposer le pouvoir (montré comme un quarteron de militaires salopards véreux, mais in fine quand même sympas, si si) est celui qui est le plus proche des intérêts occidentaux, modéré, anti-jihad, etc. |