Suite de mes rattrapages en 2022 de films d'animation japonais. Nous avons là une fois encore une adaptation de manga, mais pas d'un truc pour ado super populaire. Cette fois c'est à un manga pour adulte d'un auteur acclamé par la critique qu'on s'attaque : Children of the Sea de Daisuke Igarashi. Les oeuvres d'Igarashi sont pratiquement intégralement éditées en français. Du coup j'avais lu Hanashipanashi, Witches et aussi Little Forest (adapté en un film coréen fort apprécié des grottiniens qui l'on vu). Si Little Forest est une chronique réaliste, les deux autres titres susmentionnés ainsi que ce Children of the Sea relèvent d'une sorte de merveilleux folklorique où la nature regorge de secrets qui échappent au commun des mortels. Ces thèmes associés à un style graphique assez particulier (travail directement à l'encre, usage de hachures manuelles et plus des trames, goût pour les plans large fourmillant de vie animale ou végétale) forme une oeuvre singulière avec un large spectre d'atmosphères (de l'étrangeté ludique aux sombres secrets occultes). Children of the Sea débute comme un récit initiatique classique avec une ado qui voit ses plans pour les vacances d'été dérailler, ce qui lui fait rencontrer au delphinarium où travail son père deux étonnants garçons enfants de la mer (ou, pour traduire littéralement le titre original, enfants des mammifères marins). Petit à petit le récit glisse vers le mystico-cosmogonique avec multiplication de répliques pseudo-philosophiques bien pompeuses. Ça pourrait être insupportable, mais c'est d'une telle puissance graphique, d'un tel jusqu'au boutisme dans sa démarche (le climax incompréhensible et largement abstrait dure 20 minutes !) que c'est difficile de ne pas pousser à 4 étoiles. Outre la musique orchestrale cossue de Joe Hisaishi, il me semble que le film est aussi techniquement très au-dessus des choses que j'ai pu voir dernièrement, notamment grâce à un usage assez raffiné de la 3D et la retranscription sur grand écran de la complexité et de la richesse propres aux scènes qu'affectionne Igarashi. Ça aurait été intéressant de voir ça sur grand écran. PS : Signalons que le film est produit par Studio 4°C, co-créé par Koji Morimoto dans les années '80 et responsable entre autre de Memories, Spriggan, Amer Béton, Mind Game et, plus récemment, l'adaptation en trois long métrages de la série Berserk. Signalons également que le réalisateur, Ayumu Watanabe, n'est pas de la maison mais un vétéran surtout connu pour son travail sur... Doraemon (qui pour le coup n'a rien à voir avec l'univers d'Igarashi !). |