Film: The Batman

Laurent (VU) a dit:
Pas facile de passer après The Joker…

Malgré la réussite indéniable de quelques idées isolées (l'excellente entame, qui dure et débouche sur un montage alterné; le crépitement des coups de feu dans l'obscurité; le ballet des deux motos dans le cimetière; la révélation du Riddler),

malgré un scénario pour une fois pas trop ennuyeux à suivre,

malgré le grand retour d'un score "symphonique" avec leitmotive (intrigué par cet usage après des années de sound design et autres expérimentations arty-électroniques ayant fini par s'imposer comme une nouvelle formule mainstream, j'ai attendu le crédit de fin et c'est évidemment Michael Giacchino qui est aux commandes – étonnant thème menaçant pour le Batman, quasi la Marche Impériale de Star Wars…),

malgré enfin le plaisir de voir adapté (un peu) le versant explicitement mafieux de Gotham avec son savoureux lot de ritals caricaturaux (cf. les merveilleuses séries "Halloween" de Loeb/Sale),

le film ne m'a pas complètement convaincu – et même régulièrement fatigué, soit par l'insistance à vouloir jokériser (selon le modèle imposé par J. Phoenix) Bruce Wayne (qui finit par ressembler à The Crow, la coupe de cheveux plaira sur le marché asiatique), soit par la niaiserie du propos final sur la rédemption par l'engagement secouriste, limite discours inaugural de Biden sur la nécessité de "réparer" l'Amérique).

Le meilleur Batman au ciné, probablement, mais qui reste quand même un film assez conventionnel et très, très en-dessous de ses modèles comics.

Sinon, quelques motifs transversaux à noter:
- le thème de la surveillance revient en force, entre classicisme (que de jumelles – on se croirait parfois dans un De Palma!) et high tech (comme dans le dernier Bond, on joue de l'audio-vision à distance, ici avec une amusante relecture du "male gaze" puisque c'est Catwoman qui s'y colle).
- le méchant révolutionnaire dont on légitime pleinement les motivations (quoique plus adossée à du psychologique qu'à du politique, comme Joker dont nous trouvons, ici aussi, une énième photocopie – puisque lui aussi frustré et jaloux de Bruce Wayne quand il était petit) mais dont on condamne les actions excessives et "terroristes". Comme dans Black Panther, quoi.

Enfin, un cri du cœur : pourquoi Alfred n'est jamais représenté comme dans les bandes dessinées – du moins celles que j'ai lues et qui représentent quand même le canon moderne – les séries de Miller, Loeb/Sale, The Killing Joke – c'est-à-dire un type chauve et moustachu…) Ici, Andy Serkis foire complètement le personnage… Falcone et Selina s'en sortent mieux niveau interprète mais ils restent sous-exploités.


Vincent () a dit:
2 et demi.
Le film part assez fort, avec un Batman moins clinquant que d'habitude, et s'essouffle peu à peu, en perdant sa dimension mythologique pour descendre au niveau presque d'un mélo sentimental – j'aurai pour ma part sabré toute la sous-trame entre Batman et Selina Kayle, qui n'apporte pas grand-chose au discours que le film veut développer.
Il reste néanmoins de belles idées de mise en forme, comme le souligne Laurent. J'ajouterai aussi une recherche du plan flou, à cause de la distance, ou d'une prothèse non optimale (jumelles, lentilles-caméra), ou encore d'un phénomène atmosphérique (pluie, buée...), recherche dont le caractère assez systématique intrigue.


Laurent (VU) a dit:
Les films DC récents ressortent pour une tournée mondiale dans des versions en ciné-concert, avec orchestre symphonique : après Joker au printemps, c'est désormais The Batman qui va être montré dans quelques salles européennes. Le saviez-vous? On se croirait revenus dans les années vingt. C'est génial non?

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Je suis halluciné qu'ils prévoient de faire de même avec d'autres titres, comme Black Adam!!! On passe un cap. La formule s'est graduellement édifiée à partir des cas Starwars et Lord of The Rings, mais là si on applique le dispositif à du tout-venant comme Black Adam, je n'arrive pas à y croire.