Pourquoi ne suis-je pas allé voir tous ces films de Hong Sang-soo, toutes ces dernières années? Dans cette dernière œuvre en date, j'ai trouvé un refuge (dont le caractère intemporel est renforcé par l'usage du noir et blanc). D'abord dans sa durée : 1h06. On peut donc encore construire un film sans éprouver les sens du public pendant deux heures et demie, en lui narrant simplement trois grands moments, centrés autour de séquences de dialogue entre personnages que l'on retrouve, déplacés, ayant changé de statut dans l'intervalle. De la simplicité du dispositif naît la complexité : entre espaces intérieurs et extérieurs, dans chacune des séries; narrative puisqu'il y a beaucoup d'événements, pour certains marquants, évoqués dans les dialogues, mais jamais montrés; fictionnelle enfin, puisque le film se permet de jouer sur le statut de réalité, lors du dernier bloc (je ne vous dis rien, pour ne pas gâcher votre plaisir). Et ce tour de force n'est pas gratuit puisqu'il s'adosse à une magnifique évocation d'un amour perdu. Sinon, y a-t-il un autre cinéaste (à part Vinterberg dans son dernier film) à aborder aussi bien le sujet de l'alcool? Mythique scène, ici, où un vieil acteur célèbre oblige deux jeunes freluquets écrasés par l'admiration à boire avec lui, mais en leur interdisant solennellement l'ivresse, avant de… les resservir à l'infini, compulsivement? Bref, un bonheur qui fait que je me suis immédiatement procuré un coffret avec 7 des derniers films de ce merveilleux cinéaste; et rêve qu'une rétrospective permette de rattraper toute l'œuvre en salle un jour. |
Si on croit imdb, ce film est le 25ème long métrage de fiction de HSS (il en a déjà fait 2 autres depuis!). Il y a une très grande répétition des thèmes et des situations (combien de réalisateur/professeur de retour après une longue absence se retrouve à boire des verres en se souvenant d'un amour perdu ou en cherchant à le reconquérir ?), qui fait que ce n'est pas du tout trivial de se souvenir quel film on a vu ou pas, lesquels sont bons et lesquels sont décevant. A mon compte, peut-être erroné, j'en ai vu 20 ! On retrouve aussi presque toujours la même forme : caméra fixe sur trépied avec panneautage et zoom, peu de coupes, donc presque que des plans-séquences non-performatifs, qui laisse beaucoup de temps aux dialogues entre les protagonistes. Ce qui change de film en film, c'est les structures et artifices narratifs. Répétitions, chronologie bouleversée, multiples points de vue, imbrications, etc. Ici, la spécialité c'est la focalisation sur trois moments, trois articulations d'un large récit qui se joue dans les ellipses. La très grande simplicité de ces récits fait que tout prend un poids particulier... ou tout semble un peu abscond. On oscille aussi de film en film (et parfois au sein du film) entre la comédie et le drame. Ici, rien de véritablement poignant, quelques moments qui font ricaner... on est plutôt dans l'exercice de style pas déplaisant, mais mineur. |
Croyez-le ou non, mais pour ma part c'est peut-être le 1er film de HSS que je vois (?!), et cette "introduction" à son cinéma m'a logiquement décontenancé et un peu égaré en chemin, mais on ne peut que reconnaitre la grande originalité de son projet |