Film: Scream

Charles-Antoine () a dit:
Point de justification sophistiquée pour expliquer le fait d'avoir vu ce film sinon que je travaille actuellement sur Psychose (trois occurrences référentielles qui ne construisent strictement rien) et le plaisir d'aller voir un film en salles ici (où les sorties en temps de Covid se font au compte-gouttes).

Résultat: un festival de champ-contrechamp assez pénible, un mélange assomant des jeunes ados du moment et du Legacy cast d'antan, une conception complètement niaise de l'hérédité et une formule qui a fort mal vieilli. Reste quelques meurtres plutôt gores, choix qui constitue une inflexion par rapport aux quatre films précédents, et un néologisme que ne je connaissais pas, le "requel", assez bien trouvé sur le plan descriptif.


Laurent () a dit:
J'ai tenu une demi-heure, trois quarts d'heure peut-être, avant de sortir de la salle. Et pourtant je me suis enquillé des films très faibles et usinés récemment (les deux Army of…, la plate saison 5 de Gomorra, fort heureusement la dernière). Là, sentiment qu'il n'y a rien, pas de personnages en dehors de figurines grimaçantes mais sans aucun relief car proprettes. Qui disent elles-mêmes qu'elles ne sont rien d'autre que cela. Un tel degré de cynisme et de vide, c'est presque suicidaire.
En gros, j'étais censé, en tant que spectateur, me retrouver dans ces personnages eux-mêmes enfermés dans leur rôle de fan aliéné et multipliant à mon endroit des clins d'œils auto-satisfaits. Je me suis immédiatement senti exclu et me suis dès lors profondément ennuyé.
Ne restait donc que le spectaculaire (les meurtres) et comme il n'y avait strictement rien d'intéressant de ce point de vue-là, je me suis cassé.

Etonnant que l'on revienne à cela alors que l'horreur depuis quelques années, a retrouvé un cachet et aligne les classiques (It Follows, The Witch, les deux films d'Ari Aster, ceux de Jordan Peele) – le film y fait d'ailleurs lui-même référence, en citant explicitement ces titres et en parlant de l'"elevated horror") ou les œuvres plus modestes, mais empreintes d'une dignité et d'une profondeur plus vue depuis les années 1970 (ne serait-ce que cette année, The Night House ou Antlers).

Ce film m'a confirmé que le cinéma américain mainstream (plateformes and co) avait, pour partie, définitivement cédé à l'idée que le public réclamait de la fan fiction, de l'ironie, de la réflexivité (évidemment, tout cela tient bien plus de l'offre que de la demande).
Stylistiquement, c'est donc le grand retour des nineties avec, en plus, l'insupportable souci de soi-disant "représentativité" (ethnique, genrée, etc.) explicite. Ce qui est cohérent, d'ailleurs, puisqu'il faut des spectateurs "éveillés" pour pouvoir évaluer les films avec ces lunettes spécifiques.

Bref, même la distanciation fait désormais partie du processus d'aliénation.