Quelle surprise que ce nouveau Paul Schrader, monument vénérable du cinéma hollywoodien qui nous a offert, pendant la décennie passée, de plutôt bons films passés sous le radar du mainstream (The Canyons et deux thrillers avec Cage) avant de créer un premier choc avec le glaçant et très puissant First Reformed. C'est dans la continuité de ce dernier film, et de son affirmation singulière d'un autre cinéma possible aux États-Unis (focales courtes, froideur, propos distancié, discours politique explicite, impénétrable héros masculin, désenchantement généralisé) que se situe ce chef-d'œuvre évident qui reprend un peu le fil là où (une partie du cinéma de) Lynch l'avait laissé. Et quelle utilisation des chansons (originales!) et du score, qui oscille entre songwriting désabusé et electronica post-Carpenter : Robert Levon Been entre d'emblée dans l'histoire de la musique de film. J'en ai encore les frissons. En France, le film connaît une sortie salles, espérons que ce soit le cas en Suisse aussi. |