Film: Drive my Car

Frederico () a dit:
Je ne connais pas du tout les romans et nouvelles de Murakami (que ça soit Haruki - dont trois nouvelles ont servi de base à ce film - ou Ryû - dont les écrits on donnés les films Tokyo Decadence aka Topaz, Love & Pop ou encore Audition). Je savais le bonhomme populaire (j'en est trimbalé des stères chez Payot), mais j'ai quand même été surpris de me retrouver dans une salle pleine comme un œuf un mardi à 17h alors que le film est sorti il y a belle lurette.

Apparemment Hamaguchi amalgame trois histoires en une. Je ne sais pas si c'est à cause de ça que le film dure trois plombes et qu'il y a surabondance de destins hors normes, mais ça ne fonctionne pas trop sur la longueur. J'aime tout le début où les personnages invoquent les spectres de la fiction (les histoires d'Oto d'un côté, le théâtre de Beckett et Tchekhov de l'autre). J'aime aussi cette idée que ces fictions informent les personnages sur leurs vies. Pour moi ça déraille quand les personnages "réels" `deviennent aussi artificiels que les fictions.


Laurent (VU) a dit:
J'ai trouvé cela très, très intense et vraiment passionnant de bout en bout, l'intertexte avec le texte d'Oncle Vania, inlassablement travaillé, est d'une incroyable profondeur. J'ai certes eu, un instant, l'impression que le film pouvait, un peu comme chez Farahdi, souffrir d'une certaine sur-écriture, notamment dans la dernière partie du film où le scénariste multiplie les background stories traumatiques et les retournements de situations. En même temps, ces péripéties conjuguées à la maîtrise des tensions dramatiques et des confrontations inhérentes à chaque scène, font que les trois heures passent en effet, comme le souligne Avant Première, « comme un souffle »!

Le personnage de la jeune femme chauffeur a en effet un côté stylisé cartoon, mais m'a paru échapper, en fin de compte, à la stéréotypie façon Wes Anderson pour s'imposer plutôt en irrésistible figure iconique, comme celles que parviennent à édifier les grands films (le couple qu'elle forme avec le protagoniste principal dans leur Saab rouge me semble bien relever de cette catégorie emblématique, cf. quand ils fument leur clope en bord de mer).

Par ailleurs, le film ne manque pas de figures à la fois singulières et touchantes (le couple de coréens) ni de situations chargées d'ambiguïté (on ne saura jamais ce qu'aura réellement fait l'épouse, par exemple).


Robert () a dit:
De belles choses, oui, mais j'ai trouvé le film vraiment trop long (la demi-heure pré-générique est-elle vraiment bien nécessaire par exemple ?) et sur-écrit en effet, à l'image des pièces du metteur en scène dont le multilinguisme m'apparaît comme un effet de style un peu vain.

A force de tout vouloir sur-ligner, le film perd en force poétique.

En comparaison, le dépouillement absolu de Hang Sang-soo m'apparaît comme d'autant plus remarquable.