Les quatre étoiles sont un peu une provocation, mais, après tout pourquoi pas. On a affaire là à un film tellement singulier. Puiu adapte un essai philosophique russe du crépuscule du XIXème siècle ("Trois entretiens. Sur la guerre, la morale et la religion: suivi du Court récit sur l'Antéchrist" de Vladimir Soloviev), écrit sous forme de conversations entre des archétypes, en changeant les personnages et les lieux. Des russes en villégiature au bord de la méditerranées deviennent... un puzzle difficilement déchiffrable, réuni dans un manoir à l'approche des fêtes de Noël. Ce décors particulier donne un contexte visuel et social que Puiu exploite : enfilade des pièces, cadres dans le cadre, aéropage de domestiques dont le ballet rythme le rituel qu'est la journée des aristocrates qui tiennent salon et aussi, et peut-être surtout, un hors champs où se tissent des événements qui nous échappent. Le verbe par contre semble majoritairement et in extenso tiré du livre ou plutôt de sa traduction française, cette jet set utilisant la lingua franca de leur classe. Du coup, sur 3h20 de film, à peu près 3h10 sont des joutes oratoires sur le bien fondé de la guerre, l'interprétation des évangiles, la notion de culture en général et de culture européenne en particulier, etc. Sa chauffe entre les oreilles et Puiu ne nous aide pas en découpant son film en chapitres dont les rapports chronologiques sont peu clairs. Ça pourrait être aride, mais trois choses nous maintiennent captivés : le mystère qui refuse d'être élucidé, l'escrime verbale qui donne une large place à l'humour et au sarcasme et les sujets des débats qui, presque prophétiquement, annoncent le XXème siècle. Sur ce dernier aspect, le film n'est pas sans faire penser au Ruban Blanc d'Haneke. Ce 4 étoiles n'est, in fine, peut-être pas une provocation. |
La parfaite représentation d'une soirée Grottino Awards: discussions interminables, esprits qui s'échauffent, verres vides et nourriture froide... Ma 3ème étoile va à cette merveilleuse fin du 3ème chapitre où le hors-champs historique s'invite délicieusement à la table des convives...ahah l'humour roumain m'aura toujours ! |