Film: The Last Duel

Laurent (VU) a dit:
Souvent impressionnant par sa manière d’inscrire le récit dans le contexte économique, le film monte en puissance et en intelligence jusqu’à une étourdissante séquence de procession qui m’a littéralement cloué sur place. Scott réalise probablement là l’un de ses films les plus aboutis. Le plus étonnant, ce sont les nuances entre chaque version des faits successivement exposée, qui ne résident pas tant dans les actions elles-mêmes mais dans la manière dont elles sont perçues en fonction des conditions (et frustrations) sociales des trois protagonistes. Le mensonge n'y occupe dès lors presque pas de place, contrairement à ce que semble insinuer un jeu graphique plutôt maladroit sur le carton inaugurant la troisième partie. Étrange en effet d'établir une distinction entre deux vérités relatives et une vérité absolue. À moins que l'on ne souhaite insister sur l'aveuglement qui caractérise les deux premières?


Charles-Antoine () a dit:
Entièrement d'accord, surtout concernant l'attention prêtée à la dimension matérielle des rapports sociaux. Et puis une des forces du film est en effet d'opter pour ce type de récit à perspectives multiples dans le cadre duquel les variations relèvent de la subjectivité des personnages (du vécu, comme on dirait aujourd'hui) et non d'une divergence de vue quant à la véracité des faits rapportés (type Basic). Et Scott excelle vraiment dans l'exercice (qui fait penser à l'excellent The Disappearance of Eleanor Rigby ou à son plagiat sériel The Affair).

Ma seule réserve est que, paradoxalement (compte tenu du statut en effet maladroitement alloué à cette partie), les variations de la troisième partie sont tellement prévisibles que le film perd un peu de son intérêt narratif. Et puis il n'est pas très courageux de prendre la France féodale du XIVe comme métaphore du Hollywood des années 1990-2000.

Last but least, je m'étonne, Lolo, que tu ne loues pas comme il se doit le jeu jouissif de Ben Affleck, au même titre que son look capillaire hors du commun (qui souligne à l'envie la vocation allégorique du film).


Laurent (VU) a dit:
Ben Affleck est en effet mer-veil-leux, je dois le reconnaître, avec ce personnage qui gagne en présence au fil du film et parvient à dévoiler autant d'excès que de sincérité.


Robert () a dit:
j'avais trouvé le film long, vraiment long, et peu productif dans son dispositif, tout comme c'était déjà le cas pour ce Police, mais je dois avouer m'être un peu assoupi dans la dernière partie qui donne enfin à voir ce point de vue féminin, mais n'apporte pas non plus grand chose de plus selon Luluc assis alors à mes côtés

et pour faire cinéphile de 1ère année, "ça n'est quand même pas du niveau de Rashomon blablabla..." ahah !