Naomi Kawase persiste dans la veine mélo mais revient simultanément sur les terres autobiographiques qu'elle avait explorées dans les documentaires à travers lesquels elle s'était fait connaître. Plus le film avance, au fil de multiples flash backs assez savamment orchestrés, plus les traits mainstream (chanson pop flottant aux frontières de la diégèse, caractérisation psychologique appuyée en lien avec un "sujet"…) s'entrelacent bien avec les traits "kawasiens" qui nous avaient tant enchantés il y a quelques années (alternance nature/humanité, caméra "subjective" portée) autour des traumas fondamentaux de la cinéaste (l'abandon parental). Les deux comédiens qui incarnent le couple central frappent l'attention non seulement par la précision de leur jeu, mais aussi par leur physique singulier, à la fois par le caractère canoniquement cinégénique des silhouettes (mâle chevelu et bien bâti; femme menue, raffinée et élégante) et des visages moins standards, ridés et traversés de regards ahuris. |