Un des meilleurs Verhoeven, voilà un premier constat. Un gros travail sur le point de vue, plus complexe que le côté "exploitation" du film, avec money shots super eighties sur poitrines féminines et têtes coupées, ne le laisserait paraître de prime abord. Point de vue sur ce que voit et ressent l'héroïne, qui évolue beaucoup pendant le film. Bref, un film impressionnant, de bout en bout, mais qui pourtant se refuse à tout brio arty. J'ai adoré aussi tout ce qui a trait au contexte matériel de l'époque (je crois que cela vient du premier scénariste engagé, le compagnon de longue route Soeteman). Charles nous renseignera sur tout cela! |
Je suis assez pressé, donc je fais ultra bref: j'ai été subjugué par ce film incroyablement maîtrisé et original, à la frontière entre Flesh and Blood et Showgirls (en gros, on a remplacé le Stardust par le couvent). Et pourtant, j'y allais sur la pointe des pieds, craignant un peu le pire. Ce qui est le plus étonnant, c'est à quel point le film retravaille toutes les questions qui excitent Verhoeven (rapport (non)aliénant à la fiction, rapports entre l'intime et le politique, religion, pouvoir et résistance, sexualité, etc.) tout en proposant quelque chose de résolument ancré dans son temps: condition féminine, poids des croyances, pandémie (!), question trans (il y a quand même un christ trans!!!), et j'en passe. Et tout cela assorti d'une facture incroyablement élégante et, effectivement, jamais arty. La grande classe. |
le programme Verhoeven déroule en effet de fort belle façon, mais j'aurais aussi bien aimé que le film me surprenne et aille par exemple plus loin dans l'aspect surnaturel présagé dans certaines séquences |
2.5. Beaucoup de moments stupéfiants, mais également beaucoup d'autres scènes franchement grotesques – et un grotesque trop bâclé pour devenir baroque et flamboyant. Thématiquement, il y a aussi une superposition de lignes qui aurait nécessité un travail de tri plus serré, afin d'en arriver à un propos plus consistant. Toute la trame saphique aurait pu ainsi être supprimée (tout en gardant la dimension érotique du rapport entre nonne et Christ). Certes, le film aurait été moins bandant. Mais mieux articulé autour du jeu complexe des interférences entre pouvoirs, foi et corps. |