Quel bonheur! À mon sens, le meilleur Eastwood depuis le dyptique Iwo Jima. Pas évident de nous rendre attachant ce héros atypique, wannabe loser non dénué d'un certain ridicule, voire même d'une pointe de fatuité : en nous offrant en quelque sorte le versant affable et sympathique de son personnage d'I Tonya, l'acteur qui incarne le rôle-titre réalise un vrai tour de force. Il est aussi fabuleusement entouré (fans de l'humour caustique à la Clint, réjouissez-vous de certains contre-champs consternés de l'entourage du gros naïf) par sa maman et son avocat (Kathy Bates et Sam Rockwell, au sommet – mention, aussi, à l'hilarante assistante/compagne de l'avocat, émigrée d'un pays de l'Est). Les méchants ne sont pas en reste avec un Jon Hamm, en connard du FBI, dont la belle gueule tout droit sorti d'un polar des années 40-50 s'assortit à merveille avec la journaliste à scandale bien trash incarnée par l'époustouflante Olivia Wilde (qu'on espère voir plus à l'avenir, elle qui est maintenant débarrassée, l'âge venant, des rôles de potiche de blockbuster). Le point de vue m'a semblé très juste, aussi, avec cette dénonciation des travers d'une médiatisation US qui "jumps to conclusions" sur les questions judiciaires, problème qui n'a fait que s'accroître depuis les années 1990 (cf. la série Making the Murderer), et aussi sa représentation attendrie mais jamais condescendante du petit peuple blanc états-unien (la collection de fusils, par exemple). Bref, une sorte de synthèse – en plus aboutie – de tous les derniers films de Clint (autour de la figure du héros ordinaire dans une société américaine livrée à l'infotainment et à la judiciarisation procédurière de la vie). |
Je peux prêter le bluray aux intéressés |