Guy Ritchie reste Guy Ritchie, c'est-à-dire l'auteur des pires films de tous les temps, de mon point de vue totalement personnel bien sûr : Snatch, Botanique machin, etc. sont des abominations sous influence tarantienne qui représentent tout ce que je hais au cinéma et que le terme "absence de vie" me semble le mieux cerner. Mais, voilà, ce type a réalisé depuis les deux "Sherlock", que j'ai vraiment aimés. A-t-il dès lors mûri, apporté de l'épaisseur à ses personnages, s'est-il débarrassé de ses canevas mécaniques et surtout de cette forme pseudo-enjouée fondée sur le plaisir supposé que nous devrions ressentir face à ces scènes de torture, de grimaces qui s'affichent comme autant de "jeux narratifs" (force énonciation, mode présentationnel, etc.) et de "fun" rythmé par une musique "cool". Le fait que Colin Farrell joue dans ce film a été l'élément qui m'a fait basculer (une photo de son look a suffi à me convaincre). Cette dimension de l'acteur est à l'origine de l'attraction fatale qui a abouti au don bien généreux de deux heures de ma vie à ce film, puisqu'à part Colin, la tête d'affiche, c'est M. Mc Conaughey. Alors, quoi? Eh bien le film n'est pas complètement insupportable, même vaguement divertissant par moments (les scènes de méta-narration entre Hunnam et un fa-bu-leux Hugh Grant (en journaliste-fouille-merde-déchet) sont très bien écrites, bien jouées et découpées, même si elles ne mènent à aucune révélation, aucune surprise, aucun coup de théâtre au plan dramatique, ni même, évidemment, aucun vertige, décalage, etc. ce qui devrait a priori être le propre de telles déconstructions du récit – dont il faut bien reconnaître que le cinéma mainstream abuse en ce moment (cf. Birds of Prey). Ici il y a bien une certaine maîtrise de l'exercice. Par ailleurs, les choix musicaux sont moins pourris qu'attendus (du Can, les mecs, du Can!!!!!) et le setting brito-chic tire en quelque sorte l'humour vers le haut. Mais, voilà, même en se hissant à un niveau supérieur de qualité, sur tous les plans, le fond de l'histoire reste malheureusement dénué d'intérêt et la bonne tenue de l'ensemble est gâchée par les scènes attendues d'humiliation tarantiennes (le patron de presse joué par Eddie Marsan se retrouve dans la même situation que le Prime Minister dans le plus infâme épisode de Black Mirror; etc.) A moins que l'on n'essaie d'en tirer, sur le modèle des ciné-clubs d'antan, une réflexion sur les "thèmes" récurrents qui sont implicitement développés : ainsi le pouvoir des images postées sur les réseaux sociaux, qui reviennent sans cesse; ou, surtout, l'opposition entre les "vieux cons", quadras et quinquas, et les "jeunes" prétentieux qui se prennent la plupart du temps une bonne branlée. Les meilleures scènes (outre le récit-cadre, dialogue entre Hunnam et Grant) vont dans ce sens : la première apparition de Colin Farrell qui remet à leur place un gang d'abrutis, ou la manière dont Charlie Hunnam remet à l'ordre des junkies ou affronte des "racailles" de banlieue. Bref, un film de vieux con (dans le sens savoureux du terme) qui, malheureusement, ne se départit pas encore complètement de son esprit post-adolescent. Mais qui a fait des efforts. |
Dans la série "Attendez encore un peu les jeunes" je recommande On the Job d'Erik Matti. |
Les films cités par Lolo comptent effectivement parmi les pires que j'ai (entre)vus, mais Guy Ritchie a opéré un virage avec les deux Sherlock, qui s'est confirmé avec son assez formidable King Arthur: Legend of the Sword (2017), et dans une bien moindre mesure avec The Man From U.N.C.L.E. (2015) et... Aladdin! Ce The Gentlemen- certes assez tarantinesque - m'a bien fait marrer, ne serait-ce qu'en tant que véhicule pour stars masculines en caricatures d'elles-mêmes (ou contre emploi comme Grant). Et le propos du film ne m'a pas semblé si "hors-sol" et uniquement digne de discussions gustatives de ciné-club: question de rapports professionnel dans un milieu en pleine mutation, éthique et juridiction, importance des rapports de classe et ethno raciaux dans le business, sans parler des relations US-UK, et effectivement "circulation des images". Bref, j'ai trouvé que tout cela était plutôt drôle et sympathique. |
2,5. En effet, du point de vue de la trame, c'est plat et sans réelle surprise. Le film vaut essentiellement pour certains personnages – le coach joué par Farrell, le bras droit joué par Hunnam –, bien campés et plus "épais" que d'autres, dans le sens où ils semblent tendus entre deux extrêmes – sagesse et brutalité –, ce qui met en perspective également le titre du film. |