Film: Uncut Gems

Laurent (VU) a dit:
Je ne comprends pas le délire autour de ce film. C'était par ailleurs mon premier Sadfie.

Certes, Adam Sandler, en pleine renaissance depuis les Meyerowitz Stories, est fabuleux en bijoutier juif magouilleur, tout comme est a priori savoureuse l'idée de mêler au récit fictionnel des stars réelles (The Weeknd; Kevin Garnett), pour la plupart afro-américaines (il doit y avoir un discours là-derrière, puisque le MacGuffin est une histoire d'opale en provenance d'Afrique).

Mais au fond, cette suite de rebondissements, prétexte à hystérie scorsesienne (membres hauts en couleur de la famille, gangsters violents, un milieu et ses "codes", en l'occurrence les diamantaires juifs new-yorkais, équivalents des vendeurs de fripes du Sentier à Paris, et ici campés comme les Ritals en survêt chez Spike Lee), ne brille pas par son originalité. Par moments, on a l'impression de se retrouver dans une relecture branchouille (un peu, avec des lumières sophistiquées, un étirement du temps, une musique synthétique des années 80 – beau boulot de la part de Daniel Lopatin aka Oneohtrix Point Never) d'une trame à la con post-tarantinienne façon Guy Ritchie (à ce propos, je risque de craquer pour le dernier, à cause du cast…)

Comme le rattrapage récent des très estimés derniers films de S. Craig Zahler (Dragged Across Concrete; Brawl in Cell Block 99) le démontre, il y a aujourd'hui, chez les cinéastes les plus talentueux (indéniable sens, chez Zahler, de la temporalité, des cadrages, de la direction d'acteurs), un imaginaire qui fait mine d'évoquer la vie, mais qui ne parvient pas à s'extraire des canevas usés et tristounets du "cinéma de genre" et de son fétichisme post-adolescent de la violence. J'ai un peu le même sentiment avec ce nouveau film des frères Sadfie.