Film: Merveilles à Montfermeil

Laurent (VU) a dit:
Marrant de voir ce nouveau film prenant pour objet la commune de banlieue en Seine Saint-Denis, après l'événement (bientôt oscarisé?) Les Misérables… Drôle surtout de comparer les deux films, puisqu'on avait, avec le film de Ladj Ly, la vue d'un "insider" (mais dont l'imaginaire reste bien "extérieur", lorgnant du côté de Scorsese, Spike Lee, Gomorra and Co); et que là on voit les choses du point de vue d'une bourgeoise de gauche assumée qui prend beaucoup de plaisir à s'autofustiger, puisque le film raconte (un bien grand mot pour un film ouvertement bordélique et poético-burlesque) l'arrivée à la municipalité de Montfermeil d'une nouvelle équipe "progressiste" (belle galerie de bobos losers, avec Emmanuelle Béart, Balibar elle-même, Ramzy – qui donne décidément dans l'arty ces derniers temps puisqu'aussi dans le dernier Rabah Aimeur Zaimèche malheureusement raté), Amalric, Bulle Ogier et Anthony "La Prière" Bajon l'abonné aux rôles de jeunes Blancs "populaires"…)

Si j'ai bien compris, il s'agit de brocarder (gentiment – ce qui est la limite évidente du projet, qui aurait dû être plus cruel tout en restant comique) le fait que la gauche, de nos jours, s'est rabattue sur le sociétal, l'écologie, le culturel, l'antiracisme, etc. et ne se soucie plus vraiment des questions de travail, d'économie… Tout en se faisant flouer en fin de compte par les vrais tenants du pouvoir – pour aller vite, macronien (hilarante séquence avec le "préfet" roi de l'enfumage incarné par l'extraordinaire Philippe Katerine). Une sorte d'auto-moquerie de la bourgeoisie bohême, consciente de ses limites (mises en évidence par le hiatus constants entre le verbiage institutionnel des acteurs super-parisiens et les attitudes souvent circonspectes des non professionnels qui les entourent) mais incapable de produire un autre constat social (party générale finale qui rejoue la grande fête communautaire idéalisée et qui aurait dû rester d'un ordre utopique compte tenu du discours a priori posé par le film…

Reste le plaisir de voir, projeté, un objet décalé, une curiosité pour cinéphiles qui prend place dans tout un courant de cinéma comique critique "politique", mieux représenté, sur son flanc mainstream, par Michel Leclerc et, côté arty, par Antonin Peretjatko.