J'attendais probablement trop de ce dernier film de Corneliu Porumboiu (dont je sais qu'il a des fans sur Grottino et qui, pour moi, reste un auteur de documentaires comme le très émouvant Football Infinit). Je n'ai pas encore vu "Policier, adjectif", dont ce film semble être une sorte de suite. Eh bien, bof bof, tout cela se révèle d'une profonde banalité – sentiment de voir revenir ce genre qui a connu son heure de gloire il y a une trentaine d'années, lors de la vogue dite "postmoderne" (pas seulement le fait de "jouer avec les codes" du noir, avec cliché de la femme fatale ou des histoires alambiquées de gangsters dont Tarantino et ses émules nous ont progressivement dégoûtés, mais aussi, c'est à peine croyable, des citations de classiques du cinéma via projection dans une salle ou écran TV – ici la scène des Indiens siffleurs de The Searchers, vraiment cheap…), genre donc qui traite par (un soupçon d') absurde une trame conventionnelle de feuilleton policier Mitteleuropa du dimanche après-midi. L'idée de la "langue sifflée" donne lieu à une poignée de courtes séquences sympathiques et, pour le coup, vraiment singulières. Quelques trucs, aussi, sur l'idée de surveillance. Mais voilà, c'est à peu près tout. Il est fort possible que je n'aie rien compris et que sous toute cette évidence se loge une réflexion roumaine sur la corruption, le pouvoir, le "local/global"… Beaucoup de "jeux" – guère originaux, aisément lisibles – sur la musique préexistante (Iggy Pop, Barcarole d'Offenbach qui revient dans de nombreuses scènes en impliquant des formes d'écoute variées et un discours sur les usages sociaux de la musique légitimée qui se conclut par une séquence générique de fin mettant en scène un light show asiatique. |
Le film sort à Lausanne en Janvier 2020 du coup, Cut & Paste de ma note de 2019 : Le nouveau Corneliu Porumboiu, vu au GIFF. Le pitch fait saliver : un film puzzle où une femme fatale recrute un flic corrompu pour l'aider à faire évader son mari de prison grâce à une langue sifflée utilisée par le milieu criminel des îles Canaries ! Dans les faits, le style épuré, posé et distancié de Porumboiu ne fonctionne ici qu'épisodiquement. La drôlerie pince-sans-rire cède régulièrement le pas à une facticité qui sonne creux et on peine du coup à se prendre au jeu des multiples faux-semblants et autres trahisons. La conclusion ne fait aussi aucun sens, mais peut-être est-on complètement dans l'exercice de style, le pastiche presque. NB: Il faudrait gratter, mais certains éléments du récit laissent à penser que le personnage principal est le même que dans 'Policier, adjectif'. |