Film: 21 Bridges - Manhattan Lockdown

Frederico () a dit:
De façon étrange, le côté "high concept" du film qu'on retrouve dans le titre original comme dans le titre en franglais n'a pratiquement aucun impacte sur le récit. L'action se déroule certes dans la seule île de Manhattan, mais l'enjeu pour les fugitifs n'est pas d’échapper à cette nasse policière (en tout cas pas directement sur le mode "comment franchir le pont ?"). Ce dispositif est d'autant plus artificiel est vain qu'il est initialement présenté comme un sablier : on peut bloquer l'île jusqu'à cinq heure du matin, mais après ce n'est plus possible et le FBI reprend l'enquête. Impossible de se passionner pour cette limite administrative et, franchement, le rythme soutenu du film fonctionnerait tout aussi bien avec les simples idées que plus le temps passe et plus on risque de perdre la trace des braqueurs et qu'il est important que le personnage principal les trouve avant des collègues qui risquent de ne pas s’embarrasser avec la procédure (pour certains par envie de punir des tueurs de flics, pour d'autre par soucis d'étouffer un scandale de corruption policière).

Pour représenter cette course entre les différentes polices, les scénaristes ont décidé de se focaliser sur deux personnages : l'inspecteur talentueux et intraitable, flanqué pour l'occasion d'une inspectrice des stup' (au look cargo pants, hoodie et veste du surplus militaire qui lui donne un côté très '90s - un peu comme le genre du film pour le cinéma Hollywoodien finalement), et le gentil braqueur. Le gentil braqueur voulait tout laisser tomber quand il trouve 300 kg de cocaïne pure au lieu de 30 kg. Le gentil braqueur ne voulait pas d'une fusillade avec la police. Le gentil braqueur comprend qu'il y a anguille sous roche et que dans cette histoire il n'est qu'un petit poisson. Je dois avouer que le film ne parvient pas à me faire avoir de l'empathie pour le gentil braqueur et que du coup la construction entière manque de mordant, d'autant plus qu'elle est extrêmement prévisible.

L’empathie aurait sans doute mieux fonctionné si il y avait pour les personnages des points d'encrages sociaux pour leur donner un peu plus de texture et de souffle. Paradoxalement, seul un ripoux, tardivement, a droit à un monologue qui donne un cadre à sa dérive criminelle. On aurait aimé plus de scènes ambiguës comme celle-ci, mais bon, des courses-poursuites dans la nuit New-Yorkaise ce n'est déjà pas si mal. Allez ! Deux étoiles d'encouragement pour que le genre ne soit pas le monopole des séries et de la Corée!


Charles-Antoine () a dit:
Après la bande-annonce lamentable et deux titres (US et FR) qui n'ont effectivement pas grand chose à voir avec l'affaire, j'ai jeté un oeil par curiosité et me suis laissé prendre par le récit, captivé par l'atmosphère et le rythme. Tout cela est rondement mené, un peu à la façon ce qu'un Andrew Davis faisait au pic de sa carrière (ça relativise aussi un peu, non?). Et puis le scénario semble utiliser une technique ludique: faire croire pendant deux minutes que c'est le scénario le moins bien écrit de son époque, avant de vous faire radicalement changer d'avis (le plus souvent).


Jean-Luc () a dit:
Tout juste divertissant. A voir le film après la mort de Chadwick Boseman nous fait prendre conscience qu'il était déjà pas mal moribond lors du tournage.