Je mets une étoile par charité, mais j'ai rarement vu un ratage de cette ampleur, un blockbuster aussi boursouflé, assommant et inepte. Seuls quelques éléments se dégagent de cette enfilade de séquences d'action, de péripéties et de révélations toutes plus invraisemblables les unes que les autres (niveau fan-fiction tapée à l'arrache sur un smartphone). Je retiens simplement les décors (point fort du film), quelques morceaux de Williams, les costumes, les effets spéciaux (ahurissants) et quelques "moments de grâce" (bien trop rares). Pour le reste, cela n'augure rien de bon pour l'avenir. |
L'avenir de Star Wars est-il du côté des séries? (La musique est teeeeeeeellement cool) https://www.youtube.com/watch?v=SiGd8k55mWk sans parler de Werner Herzog… |
Entièrement d’accord pour la musique, la direction artistique et les dessins de production qui tapissent le générique de fin. Pour le reste, cette série est d’un ennui consternant. Et sur le plan narratif, c’est l’opposé de Rise of Skywalker: il ne se passe rien. Introduction de deux nuances rapides: l'épisode 6 de The Mandolorian est un cran au-dessus du reste; quant au rythme frénétique de la concaténation de "révélations" et de scènes d'action dans Rise of Skywalker, il a quelque chose des "sentanional melodrama" des années 1910, dont le charme pourrait opérer si 1. les révélations avaient une vraie résonance mélodramatique (complètement absente, hormis une fois) et 2. si l'on sentait une forme de projet narratif ou politique autre que celui de faire plaisir aux déçus de The Last Jedi. |
Alors franchement moi j'ai éprouvé un vrai plaisir à suivre ces nouvelles et on l'espère ultimes aventures : narration rapide, efficace, enlevée, quelques beaux moments liés à l'histoire de Ben et Rey (leur duel dans le désert! leur confrontation finale à Palpatine), l'humour fonctionne pas trop mal, Lando Calrissian (certes vu à peine) est de loin le plus touchant des "anciens", peut-être parce qu'il assume son vieillissement et son côté "grosse déconne". Les personnages qui m'avaient irrité auparavant sont soit secondarisés à mort ou, pour les principaux (ceux incarnés par les pauvres Adam Driver et John Boyega…) mieux traités (l'amour de Ben, sa trajectoire complexe entre les deux mondes, son émancipation vis-à-vis du fétiche Vador, le "fan débile" devenant adulte par l'amour; du côté de Finn, la belle discussion entre les deux anciens Noirs-stormtoopers, avec son commentaire racial plus subtil qu'il n'y paraît…) Rey (qui était le seul élément valable dans le premier volet de cette dernière trilogie) prend une nouvelle dimension ici, dans son duel avec Palpatine (dont le retour est un véritable plus). La musique, même remixée et placée bien grossièrement par les music editors, frappe toujours autant par son côté complètement nostalgique vis-à-vis du cinéma classique hollywoodien (aucun autre film contemporain ne pratique ainsi l'underscoring). Donc l'un des rares blockbusters à tenir à peu près les promesses du spectacle et d'une narration à peu près correcte, avec des personnages humains. Maintenant, j'ai été horrifié par la fin… certes très cohérente et solide, mais qui porte un constat terrible sur la manière dont le cinéma contemporain évacue l'amour courtois de l'occident au profit d'un pseudo-idéalisme collectif (ni la mort sublime des deux amants, comme dans Tristan; ni la fin hollywoodienne classique avec le mariage hétérosexuel : célébration donc du "choix personnel" qui se prolonge par un double éloge : - celui de l'amitié. A l'issue fatale mais non-romantique de l'amour central, Rey se fichant au fond de celui qu'elle a transpercé de son épée puis pompé de son énergie vitale, fait écho, chez les autres chefs rebelles, l'échange de regard ambigu entre les deux roublards sympathiques (Oscar Isaac et Keri Russell si c'est bien elle derrière le masque) et l'absence de romance entre les deux blacks qui ne terminent pas dans le même plan alors qu'ils se sont "trouvés" socialement, ont constamment lutté côte à côte, etc.; le seul baiser visible est furtif et délivré par deux lesbiennes au troisième plan de l'intrigue; et on privilégie la grande accolade entre les trois personnages centraux. Pour aller vite, Facebook. - du lignage, MAIS pas celui de la famille traditionnelle, celle-ci se voyant chez Rey éliminée (une seconde fois?) au profit des Skywalker (l'autre famille aristo de la série), Luke et Leia ses (chastes, même s'il y avait eu une ambiguité à la Siegmund-Sieglinde dans l'un des précédents films) "parents quasi-adoptifs", de substitution, etc. Dans ce film, on voit quand même un fils tuer son père, un père tuer son fils, une petite-fille tuer son grand-père, une femme tuer l'homme qui l'aime et qu'elle aime aussi, a priori (pour le savoir, il faudrait que je rattrape l'épisode précédent, que je n'ai pas encore vu… ahem) Certes, on retrouve les bons vieux canevas tragiques, mais ici ça prend un sens assez glauque puisque ça s'articule à une véritable politique discursive hégémonique. Bon, vous me voyez venir : célébration donc des valeurs individuelles qui retrouvent une part de leur sens communautaire dans l'idée un peu floue de "nouvelle famille" (terme utilisé par Palpatine lui-même quand il désigne à Rey ses amis en train de perdre la bataille), celle qu'"on se choisit". OK, je suis plutôt d'accord, à titre personnel, sauf qu'ici l'hypocrisie règne puisque : tout finit par être dilué dans une certaine idée fabriquée de la "communauté" sans origine anthropologique concrète et qui passe même par la liquidation brutale des liens authentiques (re-Facebook). Tout cela est bien en phase avec le projet sociétal dominant d'aujourd'hui (pseudo-combats autour de la construction d'une "identité" dans laquelle on finit par être enfermé.e.s). Par ailleurs, et c'est le coup (par derrière) de grâce, le mysticisme de la force vient recouvrir/nier tout cela en transformant en fin de compte tous ces personnages en marionnettes dépassées par l'accomplissement de leur destin. |
J'oubliais : du grand n'importe quoi ces glissements entre espaces, temporalités, etc. Mais ça apporte quelque chose, comme un décalage assumé… |