Le dernier László "Le Fils de Saul" Nemes sorti à Lausanne il y a quelques mois et que j'avais raté en salle (selon la formule consacrée, je peux prêter le DVD aux intéressés). Pour rebondir sur un commentaire de Laurent qui nous a ressorti le bon vieux "fable" et "sujet" à propos du Malick, le problème avec Nemes c'est que le "sujet" - plongée dans le chaos du point de vue d'un personnage principal, confiance dans la capacité du spectateur à se débattre dans cette toile - impose pratiquement le 4 étoiles. On peut l'accuser d'utiliser le même type de procédé dans ses deux films, mais ça n'en fait pas moins deux films monumentaux. Ici, on suit Irisz Leiter, orpheline de retour dans sa Budapest natale en 1914 pour tenter de se faire engager dans la chapellerie renommée qui appartenait à feu ses parents. Le magasin et la ville sont en effervescence et elle se fait bien mal recevoir car il s'avère qu'il y a beaucoup de choses qu'elle ne sait pas. Le film s’attelle à faire quelque chose de similaire au Ruban Blanc de Haneke : essayer de mettre au jour ce qui pourrait être les racines du mal qui a fait s'auto-détruire l'Europe du 20ème siècle. Si le toujours jouasse autrichien optait pour une forme chorale et glaciale alors que Nemes maintient la focalisation interne sur un personnage au coeur du magma, les deux films sont placés sous le signe d'un mystère qui ne s'élucide jamais totalement. Alors que l'histoire avance implacablement autours d'elle, Irisz n'en a qu'une vue parcellaire. Elle arrive trop tard, fuit trop tôt, se fait congédier, revient sur ses pas. Bien qu'elle soit le personnage principal, le récit ne se plie pas à ses desiderata. Pour le spectateur, le mystère finit même par contaminer l'héroïne, car si ses motivations semblent initialement limpides, les choses deviennent nettement plus floues au fil du métrage. On peu légitimement trouver fatiguant et frustrant cette technique narrative. De la même façon, les procédés techniques qui la soutienne (faible profondeur de champs qui noie le personnage dans le flou, soundscape saturé de voix de off) peuvent rebuter. Moi, j’adhère. |
plastiquement magnifique et Nemes trouve ici un juste équilibre entre son filmage immersif et un découpage plus classique qui permet au spectateur de respirer trame assez fascinante qui se refuse au spectateur jusqu'au bout, mais qui finit aussi par nous laisser un peu extérieur au film malheureusement |
Un beau film injustement sous-estimé à sa sortie en salles. Je rejoins Robert sur la question de se sentir un peu extérieur. Et je ne suis pas sûr que Nemes pourra faire un troisième film avec des principes esthétiques aussi stricts. |
Je rajoute que j'aurais beaucoup aimé voir le film en salle. |