Vu au GIFF. Film russe réalisé par Mikhail Idov qu'on connait par ici comme un des co-scénariste de Leto. La figure du comédien dépressif n'est pas très originale, mais dans un contexte d'Union Soviétique dans les années huitante, ça ajoute un cachet particulier. Ici, l'humoriste souffre de la dichotomie entre sa personne publique, humoriste populaire apprécié du pouvoir car il marche dans les clous, et sa personne privée, juif, romancier contrarié, misanthrope acerbe qui se fait conchier par ses pairs pour des compromissions qu'il abhorre lui-même. Le film peine à tendre un véritable arc dramatique mais il enchaîne les bonnes séquences comme son personnage enchaîne les bons mots (tout le ventre du film est consacré à une opération secrète hallucinante dont le point culminant repose uniquement sur la performance de haut vol de l'acteur principal). On reste quand même sur deux frustrations : ce qui devrait être le climax libérateur et jubilatoire est, en qualité d'humour, bien en-dessous que ce qui précède. Mais peut-être que cela fait parti du discours, montrer que même cela est déjà pour le système et ses représentants une insupportable transgression. La deuxième frustration vient d'une brève séquence finale dont que je ne sait pas trop comment elle est sensée être prise. SPOILER SPOILER L'humoriste grabataire (alors qu'un fondu au noir plus tôt il était sur le point de se suicider pour éviter la vindicte du KGB) monte sur une scène aujourd'hui devant un public en liesse et se lance dans le sketch inoffensif qui a fait sa gloire d'entant. Doit-on se réjouir de sa survie ou voir une critique de l'état de la liberté d'expression en Russie aujourd'hui ? Les deux en même temps, c'est un peu étrange. |