Ben ouais, difficile de ne pas sortir d'un tel film heureux. Profondément heureux. Même si nous ne sommes plus dans l'éclatement festif de "Jeannette", et que la parole prend beaucoup plus de place, dans cette suite centrée sur les batailles ("vues" depuis les mêmes dunes de la Côte Nord que dans le précédent, où les chefs dialoguent avec notre Pucelle) et, surtout, le procès, qui occupe plus de la moitié du métrage). Peu importe : il y a moins de fun débridé, c'est clair, mais on y retrouve la méthode extraordinairement singulière de Dumont: acteurs non professionnels à l'étrange débit, jeu sur les couches temporelles, anachronisme critique des plus productifs, puisque l'on comprend que le "peuple" du Moyen Age est incarné à l'écran par celui d'aujourd'hui – le peuple mais aussi les "élites", aussi et surtout, puisque ce nouveau film se concentre largement sur ces derniers, d'abord les nobles, puis les membres de l'Eglise. Il faut attendre la fin du film pour retrouver la joie immédiate des interprétations prosaïques-relativisantes qui faisaient tout le prix de "Jeannette" (le team de "questionneurs"; les derniers gardiens…) L'essentiel du film, malgré tout, réside dans deux types de moments époustouflants : - la reconstitution du procès, avec la clique de clercs, présentée d'une manière géniale et où l'humour particulier de Dumont éclate dans toute sa folie (impossible de décrire, il faut voir cela pour y croire). - les quelques chansons de Christophe, absolument splendides, et qui matérialisent en quelque sorte la pensée de Jeanne. Les larmes jaillissent devant tant de puissance et de fragilité à la fois. Bref, la capacité du cinéma à se renouveler est toujours là. YEAH!!!! - |
Laurent à tout dit Dans les moments époustouflants, j'ajouterais aussi cette bataille-ballet équestre A près d'un siècle d'écart avec Dreyer, une même absolue modernité |