Film: Maradona

Laurent () a dit:
Merveilleux de revoir tout ça sur grand écran.

Le film est assez hagiographique et épouse les codes mainstream du "documentaire de cinéma" (jamais de talking heads – bien qu'on garde par ailleurs les voix over des témoins, DM lui-même, son ancien préparateur physique, sa sœur, des journalistes, historiens, etc.) Donc, à l'image : uniquement des archives d'époque, souvent généreusement déployées.

La force du film, et le plaisir qu'il génère si on aime Maradona ou le spectacle métiatico-sportif, réside dans le fait qu'il concentre l'essentiel de son récit à la période napolitaise du joueur. On démarre sur l'arrivée dans la ville (un mystérieux trajet en voiture revenant sans cesse alors que défilent en quelques minutes les principaux axes de la vie et carrière du héros jusque-là, y compris les hallucinantes scènes de bagarre lors d'un match du Barça), et on terminera par son départ quelques années plus tard.

Bref, ce film pourrait sérieusement être considéré comme un spin off de Gomorra (d'un volet "Origins" de la série, plutôt), tant tout tourne, pendant ces deux heures, autour de la cité maudite du Sud de l'Italie.

Ce "Maradona" porte donc largement sur l'Italie pré-berlusconienne (en phase de berlusconisation, pourrait-on dire) de la seconde moitié des années 1980, avec une petite incursion au Mexique pour la Coupe du Monde de 1986.

On est dans le mythique assumé sans réserve, en reprenant les codes du film sportif avec réussite finale de l'underdog (j'avoue n'avoir pas pu retenir mes larmes abondantes au moment du scudetto de 1987, de la déclaration d'amour insensée du joueur à la ville), ceux du polar avec les résonances mafieuses et le trafic de drogue, ceux du mélodrame avec l'histoire de l'adultère comme du fils hors mariage et, aussi, de la comédie outrancière avec l'attachant protagoniste et son emportement dans le discours comme dans les gestes excessifs (maîtrise du déhanchement latin-disco, avec sourire de séducteur, lors des très nombreuses scènes de danse qui jalonnent le film!!!!). Loin du point de vue d'un Kusturica qui érigeait Maradona en héros chaviste anti-impérialiste, ici, c'est un programme plus convenu qui déroule : gloriole patriote, rédemption personnelle, génie individuel, etc. rien de nouveau sous le biopic mainstream.

Le film n'instrumentalise pas pour autant outre-mesure le sport lui-même, puisqu'on accorde pas mal de soin sinon à la technique, du moins aux enjeux sociaux-politiques caractéristiques du championnat italien (les rivalités entre villes, stades, etc.) qui connaît alors un indéniable âge d'or. La haine viscérale entre Nord et Sud aussi.

Bref, je n'ai qu'un regret : que ce film n'ait pas été choisi pour une magnifique soirée grottino (j'entendais déjà, pendant la projection, les exclamations et les éclats de rire de Roberto!)