J'en attendais trop, illusionné d'une part par l'effort de stylisation du premier opus et, surtout, par la franchise et l'immédiateté de Skull Island. Face à la tendance lourde des blockbusters basés sur le fantastique, le surnaturel, l'horreur, etc. je reste, malgré les déconvenues systématiques – qui m'ont conduit à n'en voir plus qu'un de temps en temps – et la banalisation de ce type de production (malgré ses prétentions à l'exception), encore un tout petit peu en quête d'un film qui serait capable d'exploiter véritablement le potentiel spectaculaire, toute la charge poétique des figures démesurées qui sont là mises en scène. Si les films de super-héros semblent définitivement perdus pour cette cause (pour le brio comique d'un Thor Ragnarok, combien de bandes dénuées de toute vitalité, inventivité, plaisir, fun – je ne réclame pourtant pas tant que cela?), il demeurait encore un mince espoir pour ce nouveau Godzilla, qui promettait de jouer du sublime engendré par les variations vertigineuses d'échelles (et de ce que cela peut impliquer au plan des significations propres à l'expérience humaine de ce même vertige, bien sûr). Eh bien non. A l'exception d'une poignée de plans absolument splendides (à peu près tous visibles dans le trailer), rien à signaler : psychologie usinée de film catastrophe greffée sur la psycho basique de la famille nucléaire (un papa, une maman, une fille sur les rapports dysfonctionnels desquels repose donc l'avenir de la planète); enjeux politiques, écologiques, etc. réduits à une bouillie volontairement indigeste (on retrouve les termes habituels du débat tels que foireusement posés à Hollywood : faut-il ou non éliminer ces archaïques forces apocalyptiques qui sont l'expression d'une nature vengeresse? L'antispécisme en vogue est tour à tour assimilé à du terrorisme, puis au point de vue (SPOILER SPOILER) de l'héroïne scientifique (seule bonne idée scénaristique du film : elle est en fait de mèche avec les villains!!!!! mais du coup est-elle encore une "héroïne"?), puis mis à mal avec la révélation (SPOILER SPOILER) du statut extra-terrestre de Gidorah – que l'on peut dès lors cramer sans état d'âme, il faut dire que c'est une belle saloperie que cette hydre à trois têtes). En fin de compte, le discours dominant "Save the planet", post-humanité et pro-technologie triomphe, évidemment. La déception principale vient du fait que l'essentiel du métrage, loin de correspondre aux attentes de la promotion, est essentiellement dédié à d'interminables bavardages, sur un mode pseudo-énergique qui génère rapidement l'inverse de l'effet considéré, c'est-à-dire un ennui phénoménal. Il faudrait proposer une version expurgée du film en ne conservant que les plans sur les monstres, vus sous divers angles. Attention, cette élimination de l'humain ne veut pas dire qu'en soi, un film de monstres qui ne serait vu que par l'entremise du langage verbal, et par quelques personnages autour d'une table, me dérangerait. Bien au contraire, ce serait formidable. Le problème réside dans l'absence d'intérêt, le caractère précisément déshumanisé de ces "personnages" supposément émouvants… Le pire, c'est que je tenterai encore le coup dans une année ou deux, quand sortira Kong vs Godzilla… |
Rien à ajouter, mis à part que je vais très certainement ne pas reprendre de carte Pathé en juillet. Regardez-moi ce "line-up" hoyllwoodien de rêve: Men in Black International, Toy Story 4, The Secret Life of Pets 2, Spider-Man: Far from Home, The Lion King, Once Upon a Time in Hollywood, Fast & Furious Presents: Hobbs & Shaw, The Angry Birds Movie 2, Angel has Fallen, PLAYMOBIL: The Movie, etc. Pitié, ramenez Taylor Ackford et Jerry Bruckheimer!!!! |