YEAH!!!!!!!! Allez, on ne va pas faire la fine bouche. Je ne sais pas si un film comme ça ferait le même effet un second visionnage, probablement pas, mais cette histoire de politicard corrompu qui se démène pour échapper à ses ennuis file à une telle allure que c'en est époustouflant. Tambour battant: le film le surligne d'ailleurs constamment, avec sa bande son techno qui scande les incessants plans en mouvements suivant la silhouette nerveuse d'Antonio de la Torre dans ses pérégrinations jalonnées d'enfumages, d'embrassades, d'invectives. Un tourbillon duquel il devient de plus en plus hystérique. Et nous avec. Rodrigo Sorogoyen nous avait déjà beaucoup impressionnés avec son "Que Dios Nos Perdone", classique immédiat du polar cinématographique européen, jalonné de coups de théâtres et de frissons, mais là, avec ce rollercoaster frénétique, il porte son sens inné du suspense et du spectaculaire à un degré d'efficacité plus élevé encore. Certes, tout cela reste très "bien écrit", classique, contrôlé, jamais on n'atteint vraiment le grotesque, la folie qui ferait atteindre au film un niveau artistique supérieur (à une exception ou deux près, et, comme dans Que Dios…, c'est à nouveau une scène de balcon qui nous fait littéralement nous lever de notre fauteuil), tout cela tient de la mécanique narrative bien huilée (comme une version accélérée des meilleures séries politiques, comme Baron Noir ou House of Cards, mais en gardant l'esprit grand public qui va avec ces feuilletons). Bref, Sorogoyen réussit là où tous les autres cinéastes européens échouent semaine après semaine : faire du "film de genre", du commercial bien carré, assumant une dynamique d'effets – on va dire à la hong-kongaise ou à la coréenne – et qui divertit intelligemment, vraiment, sans jamais user des ressorts post-tarantiniens (on reste sérieux, jamais le moindre clin d'œ¡l, la moindre référence…) En somme, enfin un film qui tient ses promesses de nous tenir en haleine pendant deux heures. C'est tellement rare que, malgré la vacuité discursive – que tente de combler un finale assez réussi, ma foi – on se doit de faire l'éloge d'une telle entreprise. |
2,5 En effet le film ne s'arrête pas une seconde et j'ai rarement vu un acteur, l'excellent Antonio de la Torre, se démener autant. On peine bien sûr à s'attacher au milieu décrit, celui d'un parti politique pourri jusqu'à la moelle. J'ai pensé par moments à une version espagnole de Sorrentino, notamment dans des scènes de restaurant et dans celle du yacht. Mais le cinéaste espagnol s'adonne en effet bcp plus au cinéma de genre que son confrère italien. Je pousse à trois pour une scène finale que je trouve il est vrai très réussie. PS: je peux prêter le bluray aux intéressés, de même que celui du film précédent de Sorogoyen, Que Dios Nos Perdone. |
cette frénésie m'a surtout fait penser à 24H (désolé pour la comparaison...) et a fini par me fatiguer et me détacher du film... allez, une étoile pour cette hilarante scène du balcon en effet |
2,5 aussi. Il y a plusieurs trucs qui m'ont déplu. La brève séquence avec le client du bar qui empoche la monnaie excédentaire, genre "on est tous pareils, c'est l'occasion qui fait le larron", est particulièrement rance. Je n'aime pas du tout non plus le syndrome Michael Clayton, c'est à dire l'idée qu'il y a des conspirateurs malhonnêtes mais qu'il y a une couche plus profonde de conspiration où se trouvent ceux qui tirent vraiment les ficelles et qui assassinent à qui mieux-mieux. Pour moi c'est une facilité d'écriture et un rocambolesque qui tue le propos que le film pourrait déployer. Sinon le rythme, l’inintelligibilité initiale, la gouaille, le balcon (d'autant plus qu'on sent l'improv' avec la porte-fenêtre qui était mal fermée), la fin, pourquoi pas, mais pour moi le moment le plus marquant c'est le plan-séquence dans la maison à Andorre. Ayant aussi vu Que Dios Nos Perdone j'ai le sentiment que la marque de fabrique du duo Isabel Peña / Rodrigo Sorogoyen c'est de faire des choses très calibrées, cousues de fil blanc, mais avec juste ce qu'il faut de légers détournements des attentes par ci par là pour nous maintenir en haleine. Dans El Reino c'est les deux séquences où Manuel essaie de faire le petit futé et se rate, dans Que Dios Nos Perdone c'est par exemple SPOILER le classique "tu réalises que tu te retrouves seul avec le tueur" mais en fait non. |